LES ANVERSOIS DE CRAZY MONKEY STUDIOS DÉTERRENT LE CADAVRE DE METAL SLUG POUR L’HABILLER COMME UN SPIROU DE MARCINELLE. UN SHOOTER SANG POUR SANG BELGE.

Guns, Gore & Cannoli

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR CRAZY MONKEY STUDIOS, ÂGE NC, DISPONIBLE SUR MAC, PC, PLAYSTATION 4 ET XBOX ONE.

6

Cinquante mètres carré pour douze studios de développement indé. On se serrait (littéralement) les coudes sous le pavillon belge de la GamesCom, cet été. Le stand jamais vu auparavant témoignait de la naissance d’une vague de développeurs noir-jaune-rouge. A côté de l’ambitieux Faëria, du très prometteur Mayan Death Robots et d’un Bombslinger retenu par Canard PC, Guns, Gore & Cannoli traçait une ligne directe d’Anvers à Charleroi. Ce shooter 2D originaire du nord du pays trempe en effet son inspiration graphique dans l’école de Marcinelle.

Joyeux massacre mafioso-zombiesque dansant en pleine prohibition des années 20, le titre de Crazy Monkey Studios avance comme une BD où l’on croise des fantômes du taxi de Gaston. Guns, Gore & Cannoli est pourtant à l’exact opposé du baba cool. Le dur à cuire, qui s’est relevé d’un échec sur Kickstarter, porte en effet les gènes ludiques du cultissime Metal Slug (dont une pub apparaît même en douce dans le jeu).

Coincé dans des niveaux infestés de soldats, de morts-vivants et de malfrats, le joueur jongle donc entre fusil à pompe, lance-flammes et autres cocktails Molotov. Sauter (pour éviter les morsures) et recharger dans un timing serré tient également lieu d’assurance vie. Le tout pour un vrai numéro d’acrobate face à des vagues d’ennemis déferlant des deux côtés de l’écran. Loin des bonnes idées d’un Broforce, la production indé anversoise ne parvient toutefois pas à tirer vers le haut ce très bon postulat de départ.

Le Parrain en vadrouille

On a beau dévorer -comme un kid avec son Spirou Mag- l’histoire de trahison subie par Vinnie, les fusillades de Voyouville (sic!) restent trop scolaires. Certes, à coups de grenades, de gaz toxiques et même de rugbyman sprinteur, le titre force habilement le joueur au mouvement perpétuel. Oubliées, les planques. Mais les passages épiques font défaut. Les quelques boss sans panache ni transformation (à l’exception du final) en sont la parfaite illustration.

Profiter d’un attroupement de morts-vivants pour les éliminer, d’un seul obus de bazooka. Progresser en compagnie d’un tir allié de PNJ. Pousser des soldats humains et des zombies à s’entretuer. Guns, Gore & Cannoli n’explore pas assez les pistes ouvertes. On ne s’ennuie pas vraiment en visitant ses égouts infestés de rats mutants. Des éléments de décors explosent même pour libérer des items. Habité par le feu, le jeu ne déclenche toutefois pas les passions.

L’héritage Metal Slug est lui-même sous-exploité vu qu’un seul véhicule s’y dresse en adversaire. Vinnie, gentille crapule qui régénère sa barre de vie en avalant des cannoli, se montre heureusement attachant. Entre trahison et science folle, la gâchette italienne mitraille ainsi des commentaires potaches. Le tout sur des violons et des accordéons tachés de sauce tomate. Les frères Claeys (co-auteurs du projet) lui avaient d’ailleurs consacré un film d’animation, prix du court-métrage étudiant flamand au festival du film de Gand. Le BAFTA (gaming) attendra…

MICHI-HIRO TAMAÏ

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content