Guy Verstraeten
Guy Verstraeten Journaliste télé

CLAP DE FIN POUR L’UN DES GRANDS MOMENTS DE L’HISTOIRE D’HBO. UNE SÉRIE PAS FORCÉMENT RECONNUE À SA JUSTE VALEUR, MAIS QUI TIRE SA RÉVÉRENCE SUR UNE BELLE SAISON.

Boardwalk Empire – saison 5

UNE SÉRIE HBO CRÉÉE PAR TERRENCE WINTER. AVEC STEVE BUSCEMI, KELLY MCDONALD, MICHAEL SHANNON. DIST: WARNER.

8

Elle est partie un peu sur la pointe des pieds. En huit épisodes, alors que les précédentes saisons en faisaient toutes treize. Le dimanche 26 octobre dernier, devant 2,3 millions de téléspectateurs -trois fois moins que Game of Thrones-, Boardwalk Empire s’en allait remplir le cimetière des grandes séries, Nucky Thompson lançant pour la dernière fois son corps malingre et sa trogne ratatinée à l’assaut d’Atlantic City, ville côtière sur laquelle il avait fait main basse depuis plus d’une décennie. Dans cette cinquième et dernière saison, écourtée en raison du succès populaire mitigé de l’entreprise (son créateur, Terrence Winter, avait initialement pensé que son intrigue s’étalerait sur six saisons), Nucky sent de plus en plus le souffle des petits jeunes de New York et de Chicago lui caresser le dos, les Lucky Luciano et autre Al Capone étant bien décidés à planter profond leurs ambitieux crocs dans la côte Est des Etats-Unis. A Cuba, où il tente de diversifier ses affaires -en anticipant la fin de la Prohibition-, Nucky va rapidement comprendre l’étendue du danger qui le guette…

Construite sur de nombreux flashbacks, cette dernière saison prépare bien évidemment l’addition finale pour notre (anti-)héros. En nous montrant surtout comment Nucky est devenu Nucky, comment ce petit bonhomme parti de rien s’est égaré en chemin. Un dollar en appelle un deuxième. Puis un troisième. La soif du gain, chez un mec partiellement droit, c’est un cocktail à donner la migraine. Et l’on y voit une métaphore de l’empire américain… Dans le rôle de Thompson, Steve Buscemi est plus fort que jamais, tout en retenue, tout en acceptation d’un sort qu’il ne peut éviter. Nucky a franchi toutes les balises, il sait que revenir en arrière est un leurre, il sait que dans le crime, on avance tous ensemble, on recule rarement seul.

Une cinquième saison que l’on a d’autant envie de défendre qu’elle n’est, comme les précédentes (si l’on excepte le petit coup de mou de la quatrième), pas reconnue à sa juste valeur. Boardwalk Empire apparaît rarement dans les classements des uns et des autres, alors qu’elle a proposé depuis 2010 ce que la télé fait de mieux: une réalisation soignée, des reconstitutions au cordeau, une réflexion sur la Prohibition couplée à une histoire criminelle des Etats-Unis, un panel de personnages secondaires vraiment consistants (Richard Harrow en est l’exemple le plus frappant) interprétés par des acteurs parfaits, et de vraies intrigues de gangsters à l’ancienne. Bref, une grande fiction que l’on ne peut que vous conseiller de rattraper si vous ne l’avez pas encore découverte. A noter, dans ce coffret DVD, la présence des deux premiers épisodes de The Knick, la mini-série créée par Steven Soderbergh.

GUY VERSTRAETEN

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