Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

VALHALLA RISING – LE DESSINATEUR DE ASGARD ATTEINT DES SOMMETS AVEC CETTE SAGA VIKING BRÈVE MAIS INTENSE. IL PEUT DÉSORMAIS SE CONFRONTER AU WESTERN ET À SES MAÎTRES.

DE RALPH MEYER ET XAVIER DORISON, ÉDITIONS DARGAUD, 60 PAGES.

Asgard le skraëling n’en a pas fini avec le Jörmundgand: le meilleur Krökkentödter de tout le Northland va devoir l’affronter une nouvelle et dernière fois, avant que le Fröst ne vienne couvrir le Swetterland… Pas de doute, nous sommes ici dans une saga viking, mais cette fois plus proche de Moby Dick que de Thorgal: Asgard, atteint depuis sa naissance d’une difformité (il a une jambe atrophiée), semblait prédestiné à affronter ce Krökken, serpent-monde tout droit sorti des enfers vikings. Paysages somptueux, combats à mort, monstres marins, muscles saillants et sentiments exacerbés, le tout dans un format franco-belge presque classique et réaliste… Il y avait effectivement dans Asgard de quoi laisser s’exprimer tout le talent de Ralph Meyer, qu’on peut qualifier de monstrueux dans sa catégorie: il y a définitivement du Giraud dans sa plume et sa manière. Et si notre Français installé depuis plus de 20 ans à Liège se cantonnait jusqu’ici aux ambiances urbaines et contemporaines (la trilogie Berceuse assassine, la série IAN), il s’avoue prêt désormais à lancer sa propre série western… Les amateurs du genre en salivent d’avance.

Nouveau western

« La rencontre avec Xavier Dorison s’est faite sur le one-shot de XIII Mystery consacré à La Mangouste, explique le dessinateur. On a eu très envie de poursuivre notre collaboration, d’abord sur cette mini-saga viking, ensuite sur ce projet de western qui devrait démarrer l’année prochaine. Ici, c’était un vrai défi graphique pour moi, j’étais jusque-là habitué à suivre à la lettre des axes verticaux ou horizontaux. J’ai été obligé de repenser tous mes automatismes pour prendre en compte le gigantisme de la nature, le froid polaire, qui jouent un grand rôle ici. Il fallait donner corps à des sensations très physiques. »

Ralph Meyer, star dans son genre, est l’un des (derniers?) représentants de cette BD franco-belge d’aventures, qu’on peut qualifier de classique, mais certainement pas de surannée: « C’est une forme qui n’est pas moins présente qu’avant, elle est simplement moins sous le feu des projecteurs. Mais je revendique cette forme de classicisme: j’ai été très marqué par Giraud, comme lui-même l’a été par Jijé, qui le fut par Milton Caniff… Il y aura toujours des dessinateurs dans ce registre et cette lignée. Ce western, c’est un projet de longue date que l’on a avec Xavier, une « vraie » série, dont le héros sera un croque-mort. Je me suis interdit pendant longtemps de m’essayer au western, je bloquais. Et même ici, je vais traiter le tout en couleurs directes, entre autres pour créer une distance et éviter les comparaisons trop frontales. Mais je peux le dire: c’est une satisfaction plus sensationnelle de réussir un cheval qu’une voiture! »

OLIVIER VAN VAERENBERGH

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