Arrêt non demandé

DE ARNAUD MODAT, ÉDITIONS ALMA, 160 PAGES.

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Soucieux du détail, Arnaud Modat indique se situer, physiquement, « entre Roger Moore et un glissement de terrain« . Un échantillon assez précis du degré de drôlerie un tantinet dépressive de cet hilarant recueil de six nouvelles, toutes consacrées à décrire l’irruption de l’irrévérence, de l’absurde ou du ras-le-bol intégral dans l’existence de personnages passés à côté de leurs rêves. Ressortissant, comme Arnaud Dudek (voir Focus de la semaine passée), de l’écurie de la revue Décapage, l’auteur rompu à cet exercice livre de courts textes gorgés d’outrance et de fantaisie, comme un remède tout trouvé à la médiocrité des voies de garage. Un gamin assiste à une dispute familiale violente à l’heure de l’apéro, tandis qu’il joue lui-même au catch « pour de rire » avec ses comparses; un futur jeune père se lance dans une poussiéreuse rédaction érotique dans la Russie tsariste pour ne pas avoir à accomplir le devoir conjugal avec sa femme enceinte, cette dernière ayant « adopté le régime alimentaire d’une horde de sangliers« ; un autre, ou le même un peu plus tard, ne parvient pas à endosser le rôle du voisin pénible venu frapper à l’aube à la porte d’une troupe de fêtards plus jeunes que lui; un intérimaire de la Poste, chargé de répondre aux missives adressées au Père Noël, se lâche totalement à destination d’un gosse de cinq ans; un type au bord du suicide rencontre la Mort sous forme d’une bimbo déguisée en livreuse de pizzas. Jusqu’au bout, Modat s’amuse autant que son lecteur sur un matériau plutôt sinistre, entre deux lampées de mauvais whisky servi dans des verres à moutarde. On trinquerait volontiers à sa santé.

F.P.

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