Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Juteux Arid – Le groupe gantois explore une pop « gros son » à température variable mais c’est toujours dans les filets poreux de la mélancolie qu’il capture ses plus belles chansons.

« Under The Cold Street Lights »

Distribué par Pias.

In 1996, Arid parvient en finale du concours Humo, à l’époque, le passage le plus sûr vers une célébrité flandrienne. Repérés par une filiale de Sony Belgique, voilà les jeunes Gantois signés sur une major pour l’album Little Things Of Venom qui sort en 1999. L’affaire est très castée: produit par David Anderson (Fine Young Cannibals, Edwyn Collins), le disque est également visité par des pairs flamands, les frères Dewaele et Ozark Henry. La campagne marketing intense, le doublé Rock Werchter (1999, 2000), des support acts prestigieux pour Suede ou Counting Crows: tout cela dirige le groupe vers le disque d’or, 25 000 copies vendues en Belgique. Arid est dans la construction d’une pop sinueuse, d’autant plus anglo-saxonne que la voix de Jasper Steverlinck est sans cesse comparée à celle de Jeff Buckley. C’est leur atout principal, que Jasper utilise dans un étincelant album solo paru en avril 2004. Titré Songs Of Innocence, il prouve, en une série de reprises immaculées, les capacités dramatiques de sa voix angélique. Le disque est un succès commercial et on ne peut oublier la façon dont Jasper – 28 ans à l’époque – dépouille l’original de Life On Mars pour s’en revêtir avec une grandeur désinhibée. Coup du sort, Jasper se ramasse une toxoplasmose qui l’immobilise pendant 10 mois en 2005-2006. En le rencontrant juste avant ce coup de mou, on comprend aussi que le don du chanteur est plus grand que sa capacité à l’auto-marketing. En ce sens, Arid est l’anti-dEUS: pas assez arrogant! C’est peut-être ce que dégage sa musique: il lui manque l’ambition générale d’écraser les charts, de conquérir le monde, de croire en l’importance de son propre destin. Malgré 2 autres albums (en 2002 et 2008), le succès d’Arid, consistant en Belgique, n’a pas vraiment essaimé au plan international.

Mâle attitude

C’est ici qu’arrive cet album-poker,  » En-dessous des lumières des rues froides ». Courant juste en dessous des 40 minutes, il propose 10 titres: les deux-tiers sont musclés, le reste nage dans des eaux plus spleen, mais tout se mélange volontiers. Rencontrant le musicien Luc Weytjens au parcours bourlingueur (de Zap Mama à Das Pop), Arid travaille sur un disque plus mâle, prenant en compte ses amours-testostérones qui vont de Muse à White Stripes. Le résultat est sans aucun doute plus gonflé, plus radiophonique et aussi, un peu plus vulgaire au sens commun du terme. Grosses guitares menaçantes ( Come On) , refrains ensoleillés à la Keane ( Something Brighter), l’album avance comme un rouleau compresseur qui a ses petits coups de blues, moments où la machine ralentit, laissant de l’espace à la voix surdouée de Jasper, jamais aussi efficace que mariée à une mélodie friable ( Seven Odd Years) . La tristesse sera toujours la meilleure copine de la bande mais, pour l’heure, Arid fait du sport et espère bien remporter une médaille. Olympique de préférence.

En concert le 29 avril au Coliseum de

charleroi, infos et dates sur www.arid.be

Philippe Cornet

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