Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

BAROUDEUR DE LA MUSIQUE, DÉFENSEUR CURIEUX D’UN AUTRE PSYCHÉDÉLISME, DAMON MCMAHON SE CACHE DERRIÈRE LE NOM ET LES DISQUES ENVOÛTANTS D’AMEN DUNES. PORTRAIT.

Dans l’industrie du disque, il y a les mecs qui te renvoient vers leur manager avant de te dire bonjour et il y a ceux qui te filent leur adresse mail et te retrouvent deux jours plus tard pour discuter dans un café. C’est le cas de Damon McMahon. îil fatigué, cheveux bouclés et t-shirt troué.

Damon McMahon, c’est Amen Dunes. Deux albums. Un EP. Et un psychédélisme singulier. L’un des trésors cachés du label Sacred Bones. Puis un type aujourd’hui dans le début de la trentaine qui écoutait Captain Beefheart à 13 ans.  » Je ne sais pas ce qu’un gamin trouve excitant àTrout Mask Replica , sourit-il. Je commençais à prendre des drogues à l’époque. Et ce disque, je le sentais authentique, vrai et sauvage. J’aime la solitude. Et la musique a été pour moi un moyen d’être seul.  »

Elevé dans le Connecticut et un patelin de 8000 âmes tout sauf mélomanes, Damon découvre très tôt Mayo Thompson, Syd Barrett (auquel il est souvent comparé) et le Tago Mago de Can… A 16 ans, il commence à écrire des chansons.  » Plutôt folk puisque je n’avais aucun équipement excepté ma guitare acoustique. » Installé à Philadelphie avant de déménager à New York, il sort un album avec son frangin et deux potes sous le nom d’Inouk en 2004.  » Un truc à la Happy Mondays, Stone Roses… » Avant d’enregistrer un album solo intitulé Mansions, descendu en flammes par Pitchfork.

Musique droguée

Deux ans plus tard, Damon prend ses cliques et ses claques et loue une cabane dans les bois. Le trip Bon Iver avant Bon Iver et sans la déception sentimentale. Il y reste pendant un mois. Sans Internet, téléphone ni télé. Sans non plus sortir, à part pour s’acheter de la bouffe et des clopes. Dia est de bout en bout écrit et enregistré dans ce coin reculé des Catskills.  » J’étais fatigué de jouer le jeu de l’industrie du disque et du concert. Je déteste me vendre. Dia est en quelque sorte une réponse aux pretty groupes psychés new-yorkais. »

Le titre du morceau d’ouverture, Amen Dunes, devient le nom du projet, quand il voit le jour sur le label Locust. On est alors déjà en 2009. Damon revient de Chine où il a travaillé comme journaliste freelance, tenté de lancer une petite maison de disques, échappé à la mort (il était à 60 bornes de l’épicentre lors du tremblement de terre qui a décimé le Sichuan, 70 000 morts, en 2008) et enregistré un EP, Murder Dull Mind, dans son appartement.

En 2011, il sort le bijou drogué Through Donkey Jaw sur Sacred Bones et une hallucinante et hallucinée reprise de chanson éthiopienne sur le label belge Kraak dans la série God Damn I Hate the Blues.

 » La musique, c’est le moyen de dire Fuck You à tout le monde et tout le temps. J’aime les trucs de durs à cuire. Qu’ils soient violents ou tout jolis comme du Tim Hardin« , commente le garçon qui cite Aaron Dilloway, les Néo-Zélandais de Crude et de This Kind of punishment quand il parle de ses derniers téléchargements.

Dans les prochaines semaines, Damon enregistrera un nouveau Amen Dunes, plus mélodique, et lancera un side project, Spoiler, avec ses trucs plus bizarres.  » C’est un peu comme si je coupais Amen Dunes en deux. J’ai deux personnalités. Elles ne devront désormais plus cohabiter. »

JULIEN BROQUET

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