Eva Mendes fait grimper le thermomètre dans Bad Lieutenant de Werner Herzog, où elle retrouve Nicolas Cage, son partenaire de Ghost Rider.

De mémoire de cinéphile, on n’avait plus vu semblable effet depuis Jayne Mansfield et ses bouteilles de lait explosives. Placez Eva Mendes dans un film, bon ou exécrable, et immanquablement, la température monte de quelques crans, tandis qu’une partie de l’assistance réinvente consciencieusement le loup libidineux de Tex Avery. Un potentiel que Hollywood ne s’est pas fait faute d’exploiter depuis une dizaine d’années, celles conduisant de Training Day à The Women. Deux ans après le We Own the Night de James Gray, Bad Lieutenant: Port of Call New Orleans, le nouveau film de Werner Herzog, vient toutefois confirmer ce que l’on supputait déjà: bomba, certes, Eva, mais pas bimbo pour autant. Un compliment que l’actrice d’origine cubaine accueille avec un large sourire, joliment mis en valeur par un ensemble J. Mendel. Et que complète une humilité non feinte: « Je ne considère aucunement être arrivée. Je continue à apprendre auprès de la professeure qui s’occupe de moi depuis 11 ans, en même temps que mon expérience accrue de la vie m’aide à devenir une actrice meilleure et plus profonde. »

Dans Bad Lieutenant, Eva Mendes incarne Frankie, la compagne prostituée de Nicolas Cage. « J’ai pris énormément de plaisir à fouiller en elle, en raison de ses multiples couleurs. On a tendance à juger facilement, mais en faisant mes recherches, et en rencontrant des prostituées de la Nouvelle-Orléans, j’ai réalisé que, au fond, nous sommes toutes semblables. Nous avons au plus profond de nous une petite fille qui a désespérément besoin de l’amour et de l’approbation de son papa ou de sa maman, et j’ai aussi compris comment les choses avaient pu déraper pour elles. J’ai donc essayé de trouver la petite fille en Frankie. » Ce travail de fond, l’actrice a toutefois dû le mettre à l’épreuve de la méthode Herzog, un réalisateur ne souhaitant pas qu’elle s’immerge à l’excès dans le passé du personnage, et s’employant dès lors à la ramener dans l’instant présent. « C’était intéressant. De même que cette façon tout à fait non conventionnelle qu’il a de tourner. Il n’était pas rare que nous ayons terminé à l’heure du lunch. Werner s’en tient à un minimum de prises, et il n’y a rien de traditionnel dans sa façon de procéder, ce qui s’est révélé absolument rafraîchissant. » Pour un résultat qui n’est d’ailleurs pas moins singulier. « Pour moi, Bad Lieutenant ressemble à une peinture abstraite en mouvement. Je l’adore: c’est tellement amusant de pouvoir dire, avec une absolue certitude que, quoiqu’il advienne, on ne fera plus jamais quelque chose d’équivalent. C’est définitivement un film de Werner Herzog, et non moins sûrement un film dingue, ce que j’apprécie. »

Remarque qui conduit à l’inflexion que souhaiterait donner Eva Mendes à son parcours. L’actrice se réfère, pour le coup, à son partenaire, Nicolas Cage. « Je n’envie pas sa célébrité, mais bien l’étendue des choix qui s’offrent à lui. Il a joué tellement de personnages complexes, de Adaptation àLeaving Las Vegas. Et il a toujours fait ce dont il avait envie, ce que je respecte, tout en espérant qu’il puisse en aller de même pour moi. » C’est tout le mal qu’on lui souhaite…

Rencontre Jean-François Pluijgers, à Venise

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