Dan Lacksman, membre légendaire de Telex, est aussi propriétaire du studio Synsound et farouche collectionneur de synthés et claviers vintage.

En 1970, Dan Lacksman, 20 ans, achète un VCS3, synthé anglais, pour la jolie somme d’époque de 100 000 francs belges.  » C’est un générateur de sons électroniques, un mini-studio: au lieu de fonctionner avec des câbles, il utilise des pins. Pink Floyd l’a beaucoup employé et c’était l’instrument fétiche de Brian Eno dans Roxy Music. » Le VCS3 s’utilise sans clavier alors que les premiers Moog, version modulaire, sont équipés d’un clavier monophonique de 5 octaves. C’est le joujou, en version géante, que Keith Emerson étale en scène comme un mur d’enceinte électronique bardé de fils:  » Il l’avait fait construire sur mesure, custom built! En principe, pour faire un son, il faut brancher un câble sur un module, passer de l’oscillateur vers le filtre, ce qui rend le Moog peu praticable en live. Emerson avait donc fait installer un énorme boîtier dans lequel arrivaient des centaines de câbles: en poussant sur un seul bouton, c’est comme s’il mettait ensemble une douzaine de branchements.« Le Moog mis sur le marché en 1967 par son inventeur, l’Américain Robert Moog, est utilisé par les Beatles dès Abbey Road (1969). Dans sa version Minimoog, il devient l’instrument fétiche du prog comme d’ailleurs du Krautrock. Au début, il n’est donc que monophonique -capable de produire un seul son à la fois-, un Polymoog sortira en 1975. L’autre vedette de l’époque est le Mellotron, fabriqué en Angleterre dès 1963:  » On l’entend déjà chez les Beatles sur Strawberry Fields Forever -enregistré fin 1966- et sur le tube mondial des Moody Blues, Nights In White Satin , paru fin 1967. Comme le Chamberlin auquel il succède, le mellotron est un échantillonneur: il lit des sons préenregistrés sur bande magnétique, mais le son est court -8 secondes-, la tessiture plutôt limitée et l’instrument est cher et fragile. En tournée, les Moody Blues, en emportaient 3 avec eux, ainsi qu’un technicien…  » Ce clavier qui reproduit des sons de cordes, de flûtes, de ch£urs, donne une portée « symphonique » au prog. Il confère une grâce orchestrale au premier album de King Crimson et marque durablement le son de Genesis et de Yes: l’instrument est tellement capricieux que Rick Wakeman, claviériste de Yes grande époque (1971-1974), finira par mettre le feu au sien dans un champ… Les Moog et Mellotron d’époque sont bien évidemment analogiques. Et devenus de véritables pièces de collection, même si le premier est refabriqué dans une version avec équipement midi et stockage numérique des paramètres sonores… l

Texte Philippe Cornet

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