À travers un autre objectif: les photos de Stanley Kubrick **

Avant de marquer l’Histoire du cinéma, Kubrick fut d’abord Stanley, jeune photojournaliste new-yorkais écumant dans la seconde moitié des années 40 toutes les couches sociales de sa ville natale pour le compte de Look, magazine d’actualité à gros tirage. C’est son père, cardiologue et photographe amateur, qui lui transmet la passion de l’image fixe, scellée le jour de ses treize ans quand il reçoit un Graflex professionnel. Ambitieux et doué, le futur réalisateur d’ Orange mécanique et de 2001 réussit à vendre sa première photo en 1945 -un vendeur de journaux l’air défait, entouré de titres annonçant le décès du président Franklin D. Roosevelt. Il n’a alors que 17 ans et il est encore au lycée. Un an plus tard, il est engagé. En alignant chronologiquement ses reportages, publiés ou non, le livre offre une vue imprenable sur la matrice d’un futur génie du 7e art, pour l’heure clairement influencé par Weegee, LE photographe de rue de l’époque. S’il y a à boire et à manger dans ce défilé de trognes, d’anonymes, de scientifiques, de wannabes, de femmes fatales, de boxeurs, on devine très vite les lignes de force esthétiques qui hanteront ses futurs longs métrages, comme si le photographe était déjà moins au service d’une représentation fidèle du monde que le monde n’était au service de ses propres obsessions visuelles. Stanley s’en donne à coeur joie dans l’effervescence d’après-guerre. Et prépare le terrain de sa seconde vie. Passionnant.

De Luc Sante, Sean Corcoran et Donald Albrecht, Éditions Taschen (multilingue), 328 pages. Prix: environ 50 euros.

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