AVEC ALLÉLUIA DE FABRICE DU WELZ, PRÉSENTÉ À LA QUINZAINE, LE PRODUCTEUR BELGE VINCENT TAVIER SE RETROUVE POUR LA DIXIÈME FOIS DANS L’UNE DES SÉLECTIONS CANNOISES. FLASH-BACK…

Entre le Festival de Cannes et Vincent Tavier, ci-devant producteur indépendant tutoyant les Picpic-André comme les Kervern-Delépine, il y a déjà une longue histoire, entamée au début des années 90, lorsqu’il compte, aux côtés de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde, parmi les artificiers venus mettre le feu à la Croisette avec C’est arrivé près de chez vous. « Lucas, le frère de Rémy, était assez proche des gens des Cahiers, se souvient-il, alors qu’on le retrouve dans les bureaux de La Parti, à Saint-Gilles. Ils sont venus voir cet ovni et en ont parlé au directeur de la Semaine de la Critique qui l’a vu à son tour et nous a dit qu’il le prendrait si on le terminait dans les temps. » La suite est connue, le film faisant l’événement jusqu’à déclencher une émeute sur la Croisette, pour forcer les portes de l’Histoire.

Celle de Vincent Tavier avec le festival ne fait que commencer, qui l’a vu « placer » dix de ses films à Cannes, pour 19 titres produits. « Un bon ratio », sourit le fondateur de La Parti, a fortiori s’agissant d’oeuvres régulièrement bord-cadre, du Grand’Tour à Alléluia. « Quand tu as déjà placé un ou deux films, et qu’ils ont eu un certain retentissement, il y a un a priori favorable sur tes projets. On bénéficie aussi d’un relais formidable, qui est Louis Héliot, du Centre Wallonie Bruxelles, à Paris (…) », observe-t-il, modeste. Bon an, mal an, et depuis Calvaire de Fabrice Du Welz déjà, en 2004, Vincent Tavier foule donc les tapis cannois, de l’Acid à la Sélection officielle à laquelle a eu droit Panique au village, en 2009, en passant par la Quinzaine ou la Semaine. S’il souligne combien Cannes représente « la promesse d’une exposition hors du commun », il n’y voit pas pour autant la panacée universelle: « Ce n’est pas parce que Komma, de Martine Doyen, est allé à Cannes qu’il a eu une carrière éblouissante. »

Lui, du reste, précise encore ne guère se rendre au festival pour affaires –« comme si cela allait se faire là, le mythe de signer sur des nappes en papier… » Encore qu’il en ait vu de plus improbables, comme lorsqu’il se retrouva, malgré l’interdit, à la table du jury présidé par Emir Kusturica en compagnie du producteur Pierre Edelman, de Ciby 2000. « Pour les 30 ans de Cinéart, un concert du groupe de Kusturica était programmé. Tout Cannes voulait en être, mais ce n’était pas Woodstock, c’était complet depuis longtemps. J’ai découvert que Pierre m’avait emmené là-bas pour voir si je pourrais faire rentrer le jury. J’en ai parlé à Eliane Dubois, et le lendemain soir, je les ai fait passer… » Bien barré, Alléluia n’a pas eu besoin de passe-droit pour se retrouver sur la Croisette: « J’en suis hyper fier, c’est l’un des meilleurs films que l’on ait faits. » Comme quoi, en version Tavier, Cannes, c’est aussi A Town Called Panic, d’après le titre anglais de Panique au village

J.F. PL.

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