En pente douce, violent, pourri ou meurtrier, l’été au cinéma n’est pas souvent une saison de tout repos… Elle n’en marque pas moins, singulièrement, la mémoire du 7e art.

L’été fut longtemps la morte saison pour les salles de cinéma. Le beau temps dissuadant trop de spectateurs potentiels, peu ou pas de sorties importantes étaient programmées en juillet ou en août. Les Etats-Unis ont lancé, à rebours et avec succès, l’idée que les mois estivaux pouvaient au contraire être propices au lancement de blockbusters. La Belgique n’a pas vraiment suivi, au contraire de la France. En témoigne aujourd’hui encore les dates différentes de sortie de Toy Story 3 chez nous (en juin) et en France (en juillet)… Pour les tournages, par contre, la popularité de l’été a toujours été particulièrement grande. Question de météo favorable, sans aucun doute, et pour certains films de vacances scolaires libérant les plus jeunes interprètes. A l’écran, dans les films -et c’est ce qui nous intéresse surtout- la belle saison a suscité nombre d’£uvres significatives, où l’atmosphère estivale fait plus qu’offrir un cadre, une lumière, une chaleur, et devient un élément majeur de l’action.

Au cinéma comme dans la vie, l’été s’offre volontiers comme saison des amours. Eric Rohmer s’en est souvent inspiré, chroniquant l’apprentissage amoureux d’une jeune fille sur la côté normande dans Pauline à la plage (photo) , celui d’une adolescente sur la rive du lac d’Annecy dans Le Genou de Claire, ou la découverte de l’âme s£ur par l’héroïne du Rayon vert.

La comédie populaire aussi, sur un mode bien sûr nettement moins nuancé comme le prouva par exemple un Michel Lang faisant clamer à des lycéens français en séjour linguistique A nous les petites Anglaises, et Fabien Onteniente célébrant plus près de nous les charmes des vacances en Camping. Quant à l’italien Eté de mon premier baiser, avec Laura Morante, son titre annonce la couleur de l’éveil des sens… Mais de l’amour au crime, il n’y a parfois qu’un pas, franchi notamment par Jean Becker pour son Eté meurtrier où la séduction d’une jeune et rayonnante Isabelle Adjani sème le trouble chez les hommes à la ronde. L’absence de la belle incendiaire n’empêchant pas le Canicule d’Yves Boisset (avec Lee Marvin) de faire chauffer les têtes. L’horreur conjuguée à la mode estivale a engendré quelques films féroces comme le Summer Of Fear de Wes Craven ou le très prisé des ados I Know What You Did Last Summer, la saison des vacances scolaires exposant plus qu’aucune autre les teenagers aux griffes des psychopathes… dont l’un sévit dans The Mean Season ( Un été pourri), le très bon film de Phillip Borsos.

La violence était au rendez-vous de L’Eté en pente douce avec la regrettée Pauline Laffont. Regarde la mer d’Ozon était un film cruel, mais le même réalisateur plaçait le désir au c£ur d’ Une robe d’été, son autre film de jeunesse estival. Olivier Assayas affectionnant aussi la belle saison comme l’attestent son Heure d’été, mais aussi et surtout son très remarquable Fin août, début septembre. Valerio Zurlini captive avec son Eté violent sur fond de passion et de période fasciste. Un des meilleurs films d’été, sans doute, avec les Rohmer et Un été avec Monika de Bergman.

Texte Louis Danvers

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