ÉDULCORÉ ET NAÏF, MARIO KART 8 N’EN CACHE PAS MOINS DE REDOUTABLES ARGUMENTS DE PILOTAGE. UN OPUS QUI, À DÉFAUT D’INNOVER, DÉCROCHE TOUJOURS LES SOURIRES.

Mario Kart 8

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR NINTENDO, ÂGE 3+, DISPONIBLE SUR WII U.

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Régulièrement copié depuis plus de deux décennies, Mario Kart a vu une foule de concurrents défiler sous sa moustache, sans jamais la mettre en danger. Street Racer, Digimon Racing et autre LittleBigPlanet Karting sont donc tombés aux oubliettes de l’Histoire face à une saga qui n’a pourtant pas évolué outre mesure en huit épisodes console (et deux sur borne d’arcade). Le secret de cette longévité exceptionnelle -qui aide Big N à vendre des consoles- tient dans le dosage de la difficulté adaptative de son intelligence artificielle, prompte à mettre au même niveau « newbie » et vétéran lors d’un affrontement sur le même écran.

Le huitième épisode maintient cette approche qui relève de la science occulte. Le pilotage y est a priori simple, mais truffé de subtilités pour qui creuse. Dérapages suivis d’un boost, démarrage finaud, aspiration, tir de carapace vers l’arrière…: derrière ses moulins à vent en Cent Wafers et ses aquariums hilares, Nintendo cache des trésors de gameplaymaniaque. Manette en mains, l’impression de visiter un parc d’attractions où Walt Disney danserait (sur les tables) avec Hayao Miyazaki domine. Mario Kart 8 lisse même sa moustache pour (enfin) passer à la haute définition sur Wii U.

Doté d’une profondeur de champ accrue et d’une poignée d’effets visuels souriant comme des reflets dans des flaques d’eau, l’effort technique est louable, certes. Mais à l’échelle de la saga uniquement. Car face aux montres PS4 et Xbox One, la rétine du gamer n’est pas flattée. Le vrai sujet de la saga motorisée a, de toute façon, toujours été ailleurs. Dans les versus entre amis sur un même téléviseur notamment.

Les ballons de la colère

Bizarrement, l’écran tactile supplémentaire callé dans le GamePad(1) et ses promesses de gameplay asymétrique jouent aux accessoires futiles. La brillante démonstration de son utilité sur le labyrinthe de Wii Party Uest oubliée. Ce dédale de couloirs, inspiré des arènes des précédents Mario Kart, souligne en outre une autre lacune: le mode versus « ballon » (où le joueur touche trois fois l’adversaire pour l’éliminer) ne prend place que sur des circuits classiques. Exit les parties de cache-cache. Malgré ce manque, les seize nouveaux tracés du jeu magnétisent. Littéralement. Au-delà de leurs sections aériennes et aquatiques, ils proposent ainsi des options portions de route articulées à la verticale ou la tête en bas. Sonic & All Stars Racing Transformed et Wipe Out étaient toutefois déjà passés par là, et avec des sensations de vertige accrues.

Se réservant quelques moments de bravoure (notamment lorsqu’un Boeing traverse l’écran en pleine course), Mario Kart 8 ajoute enfin quelques nouveaux items dont une plante carnivore (attachée au kart) avalant des pièces et mordant des adversaires. Malgré une largeur de piste calibrée comme une autoroute américaine à six bandes qui risque de décevoir les amateurs de trajectoire idéale, difficile de bouder le Mario Kart nouveau. Nintendo a de fait attendu suffisamment longtemps -six ans sur console de salon- pour créer le manque.

(1) LA GRANDE MANETTE DE LA WII U.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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