28 jours plus tard

Ressorti en salles l’été dernier dans ses deux versions, Donnie Darko, le film culte de Richard Kelly, s’offre un coffret DVD/Blu-ray définitif.

À l’heure où le streaming et la dématérialisation ne sont plus de simples nouvelles tendances mais bien des réalités poids lourds de l’industrie culturelle, la société française de distribution de films Carlotta poursuit plus que jamais son travail d’édition d’objets cinéphiles à ce point léchés et complets qu’ils en deviennent difficilement contournables. Exemple particulièrement emblématique: sa collection de coffrets DVD/Blu-ray ultra collector. Dans la foulée notamment du Profession: Reporter d’Antonioni, de La Dame de Shanghai d’Orson Welles ou, très récemment encore, du brûlant Christine de John Carpenter, c’est au tour de Donnie Darko, l’ovni de SF culte signé en 2001 par l’Américain Richard Kelly, de bénéficier du privilège d’une sortie événement en série limitée et numérotée (à 3 500 exemplaires) visant l’exhaustivité.

28 jours plus tard

Récit retors de 28 jours de la vie d’un adolescent perturbé ayant miraculeusement échappé à la mort, et s’intéressant de manière obsessionnelle à la question du voyage dans le temps après qu’un lapin géant lui a annoncé que la fin du monde est proche, ce diamant noir du cinéma indépendant américain appelait au fond de par sa nature même pareille édition-somme. Donnie Darko, en effet, a toujours été bien plus qu’un simple film: une oeuvre-monde s’enrichissant au fil des multiples visions et des innombrables interprétations qu’elle ne pouvait manquer de susciter.

Proposé en double DVD et Blu-ray, dans sa version d’origine et en director’s cut, le long métrage bénéficie ici d’une nouvelle restauration 4K et s’accompagne de plus de onze heures (!) de suppléments: commentaires audio, documentaire fleuve sur la philosophie du film et ses secrets, scènes coupées et alternatives, entretien exclusif avec le réalisateur, journal de bord, envers du décor, archives avec l’équipe, comparaison film/storyboard… Le tout glissé dans un coffret-livre de 200 pages contenant une série de questions cosmiques soumises à Richard Kelly, deux splendides cahiers de photographies et l’ensemble du scénario de tournage.

Dans son brillant avant-propos au livre, l’acteur Jake Gyllenhaal, révélé à 20 ans à peine par le film, écrit:  » De quoi parle Donnie Darko ? Je n’en ai aucune idée, du moins consciemment. Mais en un sens, je l’ai toujours compris. » C’est toute la force du chef-d’oeuvre malade de Richard Kelly: représenter l’indicible, s’adresser directement aux puissances sommeillant dans l’inconscient, fondre dans un récit labyrinthique au coeur duquel scintille un fascinant mystère la somme de toutes les peurs enfouies là quelque part, à l’intérieur. Revoir Donnie Darko, relire Donnie Darko, revivre Donnie Darko, c’est la garantie de s’offrir une virée mythique dans les couloirs d’une immense bâtisse dont on ne se lassera jamais d’explorer chaque recoin. Et qui résonne désormais étrangement avec l’actualité anxiogène. Wake up, Donnie…

Donnie Darko

De Richard Kelly. Avec Jake Gyllenhaal, Jena Malone, Drew Barrymore. 2001. 1 h 53 et 2 h 14. Éd: Carlotta.

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