LE GÉNIAL 2001: A SPACE ODYSSEY DE KUBRICK FAIT SON RETOUR EN « LIVE » À BOZAR, POUR UNE SOIRÉE DE CINÉMA « SYMPHONIQUE » DIRIGÉE PAR FRANK STROBEL.

Peu de bandes musicales de film ont eu l’impact de celle du visionnaire 2001: A Space Odyssey, le film de Stanley Kubrick sorti en 1968. Le grand cinéaste avait à l’origine demandé au musicien Alex North, déjà compositeur de son Spartacus, d’écrire une partition originale et symphonique pour ce qui allait devenir un chef-d’oeuvre de la science-fiction et du cinéma en général. Mais s’avouant déçu par le résultat, Kubrick préféra utiliser dans le mixage final de son film les morceaux de musique qu’il avait employés lors du montage, pendant que North travaillait à sa commande promise au rejet. On connaît la suite, si fulgurante dans l’association des sons aux images que les musiques des Strauss (Johann et Richard), de Khatchatourian et de Ligeti sont à jamais entrées dans l’oreille cinéphile et les anthologies du 7e art!

Au Bozar en mode « live »

Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles propose le 10 juin une projection unique du film de Kubrick accompagné en direct par un orchestre symphonique et deux choeurs, l’ensemble étant placé sous la direction d’un spécialiste de la musique de film, l’Allemand Frank Strobel. « Je me réjouis de pouvoir diriger pareil chef-d’oeuvre, avec un orchestre comme le Brussels Philharmonic qui est connu et spécialisé dans la musique de film (1), commente Strobel. Avec les choeurs, il y aura 150 personnes en train de jouer, de chanter. De quoi donner au public de la salle une sensation de « surround », dans le Ligeti surtout. Avec ses passages calmes et ses retours en force de la musique, 2001 donne une idée non seulement du sens de la forme très puissant chez Kubrick, mais aussi du rôle et de l’importance de la musique dans l’expérience cinématographique! »

Revenant sur le rejet de la partition d’Alex North et la décision prise par Kubrick de conserver les « temp tracks » (ou « pistes temporaires » utilisées au montage), Frank Strobel y voit une manifestation du « génie » du cinéaste. « J’estime réellement Alex North, et son travail pour 2001 était de grande qualité, mais Kubrick était parvenu entretemps, avec les musiques existantes, à une force d’expression globale menant à une sorte de « super elevation », de grandeur extrême. Qui pourrait jamais oublier la fameuse coupe passant de l’os lancé en l’air au vaisseau spatial avec la combinaison du thème de Zarathustra de Richard Strauss et -enchaîné- celui du Beau Danube bleu de Johann Strauss. Aucun programmateur de concert classique n’aurait jamais rassemblé les Strauss en juxtaposant ces oeuvres-là! »

Beethoven mécanique

Le chef d’orchestre insiste avec justesse sur le fait que Kubrick a, plus que quiconque, manifesté un sens aigu de « l’impact des musiques préexistantes, classiques surtout, sur le cinéma. » Et d’évoquer les exemples de la Neuvième Symphonie de Beethoven dans Orange mécanique, de la valse de Chostakovitch dans Eyes Wide Shut, et « en général de toutes les musiques employées pour Barry Lyndon. » « Il passait un temps fou en salle de montage, à essayer des choses avec des musiques pour obtenir l’accord parfait de l’image et du son, conclut Frank Strobel. Son style cinématographique est étroitement lié à ses rapports avec les chefs-d’oeuvre de l’Histoire de la musique. Mon opinion est que nul n’a compris mieux que lui les possibilités et l’importance dramaturgique de la musique dans ses films. Il se plaçait dans le cadre wagnérien de l’oeuvre d’art totale! »

(1) C’EST L’ORCHESTRE QUI A ENREGISTRÉ THE ARTIST!

?LUNDI 10/06 À 20 H, À BOZAR, SALLE HENRY LE BOEUF. BRUSSELS PHILHARMONIC, VLAAMS RADIO KOOR, CHOEUR SYMPHONIQUE OCTOPUS, SOUS LA DIRECTION DE FRANK STROBEL. WWW.BOZAR.BE

TEXTE LOUIS DANVERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content