Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

AU CIRQUE ROYAL

Il arrive à visage découvert. Mais la veille encore, après le concert privé organisé par sa maison de disques, il avait attendu que le dernier spectateur ait quitté les lieux pour retirer son casque de pilote de chasse. Quand on le rencontre autour d’un croissant et d’un café, Alexandre Longo, dans le civil, ne fait plus de mystère. A un détail près. « Je ne donne jamais mon âge », sourit-il. A vue de nez, et selon 2, 3 indices pêchés au cours de la conversation, entre 35 et 40 ans?… Le bon moment en tout cas pour avoir un hit – Walker – et voir le projet Cascadeur enfin atterrir sur ses 2 pieds… La ballade aux échos hiératiques n’a pourtant rien d’un tube évident. « C’est clair. Je ne m’y attendais pas. Une question de timing sûrement. Il y a quelques années, un projet comme Cascadeur n’était pas possible. Le succès de quelqu’un comme Agnes Obel par exemple est aussi très étonnant. J’arrive peut-être dans une période propice.. . « 

Cela fait 5 ans que Cascadeur chante visière baissée, seul sur scène. Jusque-là, Alexandre Longo avait plutôt pratiqué le collectif: des premiers groupes d’ado au piano-bar en passant par les potes de Variety Lab. Ce sont eux qui l’ont poussé à se lancer en solo. Dès le départ, la panoplie s’impose. Pas pour la pose artistique. Mais plutôt, au contraire, pour la dégoupiller. « Quand j’arrive sur scène, avec ma petite combinaison trouvée chez Castorama, ce n’est pas forcément très flatteur. Je veux dire: c’est pas Top Gun . Je suis un peu ridicule.  » Le déguisement est donc moins esthétique que ludique. Enfantin? « Oui, clairement. Quand avec un bout de carton et une paire de ciseaux, vous pouvez vous transformer en corsaire. « 

Enfant unique, élevé du côté de Reims, Alexandre Longo sait probablement de quoi il parle. « Gamin, j’avais beaucoup de chance: je faisais des choses que j’aimais, j’avais des parents compréhensifs… Mais d’un autre côté, je me sentais inadapté. Au collège, j’avais beaucoup de mal. Enfant, j’étais inscrit dans une école spéciale, qui fonctionnait sur l’autogestion: on organisait notre travail comme on le voulait. Quand à 11 ans, j’ai atterri dans l’enseignement traditionnel, j’étais perdu, déboussolé. Du coup, j’étais toujours à la lisière de l’échec. Comme pour Cascadeur d’ailleurs: j’ai longtemps été à la lisière de la reconnaissance. »

Comme quand, en 2008, il remporte le concours CQFD organisé par les Inrocks, sans que cela ne débouche sur quoi que ce soit de concret. « C’était une période bizarre. J’avais l’impression d’avoir épuisé tous les scénarios. Alors j’ai tout lâché. Et je me suis mis à pêcher. De manière obsessionnelle, quotidiennement. Je revenais épuisé: au-delà de l’aspect contemplatif, cela demande une vraie concentration. J’étais ailleurs, je ne pensais plus à Cascadeur. Puis un jour, j’ai rangé les cannes. Je me suis remis à la musique, et cela s’est débloqué. «  La patience du pêcheur, assurément…

ÉGALEMENT LE 23/07 AUX FRANCOFOLIES DE SPA ET LE 20/08 AU BRUSSELS SUMMER FESTIVAL.

LAURENT HOEBRECHTS

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