Copies non conformes – Assumés ou non, les remakes de classiques sont désormais légion. Revue de détail à l’occasion de la sortie en Blu-ray de 3 poids lourds du genre.

1. film d’horreur De Joe Johnston. Avec Benicio Del Toro, Anthony Hopkins, Emily Blunt. 1 h 56. Dist: Universal. – 2. musical De Rob Marshall. Avec Daniel Day-Lewis, Marion Cotillard, Nicole Kidman. 1 h 59. Dist: Paradiso. – 3. film d’action De Frank Leterrier. Avec Sam Worthington, Gemma Arterton, Liam Neeson. 1 h 46. Dist: Warner.

1. 2. 3.

Au même titre que les franchises, les remakes semblent avoir acquis, aux yeux des studios américains, rang de panacée: classiques actualisés ou films étrangers reprofilés pour le marché local, le remodelage est plus que jamais une activité florissante. Des Women de George Cukor, martyrisées par Diane English, au Dîner de cons de Francis Veber, maltraité en Dinner for Schmucks, les exemples sont nombreux toutefois à nous rappeler que l’opération n’est pas sans risques. Postulat que l’on peut encore vérifier aujourd’hui à la faveur de la sortie en Blu-ray de 3 poids lourds du genre, revisitant, avec des fortunes diverses, des modèles empruntés à autant de registres différents.

Remake du film de George Waggner, l’un des classiques de l’horreur produits par Universal dans les années 30 et 40, The Wolfman de Joe Johnston ne fait nul mystère de ses intentions « hommagistes ». Victime d’une malédiction, un homme de bonne famille s’y transforme en lycanthrope les nuits de pleine lune, libérant les démons qui sommeillent en lui. Convenu, sans doute, le schéma est aussi efficace, pour un film hanté par Benicio Del Toro, et ravivant la flamme d’un cinéma gothique à l’ancienne, assaisonné, avec un bonheur inégal parfois, d’effets spéciaux dernier cri. Au director’s cut s’ajoutent divers compléments et, surtout, une possibilité de lecture interactive, offrant notamment un comparatif captivant avec la version de 1941.

Nanar cosmique

S’agissant de The Clash of the Titans, l’appellation de classique est quelque peu abusive. La version de Desmond Davis sortie au début des années 80 avait toutefois pour elle les effets spéciaux de Ray Harryhausen, dont la magie fait cruellement défaut dans le remake de Louis Leterrier, qui a toutefois veillé à glisser Bubo le hibou mécanique dans son film, en guise de clin d’£il au maître. Cela posé, son Clash tient surtout du nanar cosmique, revisitant à la louche la mythologie grecque et trouvant en Sam Worthington un Persée bodybuildé. La présence de Gemma Arterton aide à passer le temps, de même qu’un humour dont on ne sait s’il est volontaire. Ici encore, les compléments sont nombreux, avec notamment une possibilité de lecture en Maximum Movie mode, sorte de making of dynamique.

Si Leterrier n’a d’autre prétention que distraire, Rob Marshall s’attaque pour sa part dans Nine à un authentique chef-d’£uvre, le 8 1/2 de Fellini, passé à la moulinette du musical. C’est peu dire qu’il ne réussit à restituer ni la profondeur, ni la magie onirique de l’original, se bornant à aligner mécaniquement les numéros musicaux avec plus ou moins de bonheur, et apportant la démonstration par l’absurde qu’une constellation de stars ne suffit pas à faire un grand film. Jusqu’à Daniel Day-Lewis qui s’y casse les dents, dans le rôle d’un réalisateur plongé dans une crise d’inspiration qu’échoue à transcender Marshall…

Jean-François Pluijgers

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