SEUL AU MONDE – DAVID FINCHER SIGNE LE PORTRAIT PARADOXAL DE MARK ZUCKERBERG, L’INVENTEUR DE FACEBOOK ET UN HOMME SEUL, BRILLAMMENT CAMPÉ PAR JESSE EISENBERG.

1 DE DAVID FINCHER. AVEC JESSE EISENBERG, ANDREW GARFIELD, JUSTIN TIMBERLAKE. 2 H 00. DIST: SONY.

2 DE GREG MOTTOLA. AVEC JESSE EISENBERG, KRISTEN STEWART, RYAN REYNOLDS. 1 H 42. DIST: DISNEY.

Cela devait constituer la chronique d’un triomphe annoncé. Mais, comme avant lui The Curious Case of Benjamin Button, barré il y a 2 ans par Slumdog Millionaire, The Social Network s’est fait coiffer sur le fil des Oscars par The King’s Speech. Un échec relatif -le drame de David Fincher est quand même reparti avec 3 statuettes, dont celle du meilleur scénario-, sans doute lié au fait qu’en dépit de ses indéniables qualités, le film compte parmi les moins personnels du réalisateur de Zodiac. Encore fallait-il avoir son art consommé de la mise en scène, conjugué à la maestria du scénario d’Aaron Sorkin, pour rendre captivante une histoire dont l’essentiel concerne des nerds rivés à leur écran d’ordinateur.

Vision amère

Au départ des procès en paternité du réseau, The Social Network raconte en effet l’histoire de Mark Zuckerberg, et les circonstances qui allaient conduire cet étudiant de Harvard, doublé d’un génie de l’informatique, à lancer Facebook, révolutionnant, ce faisant, le domaine de la communication. Construit en une ingénieuse succession de flash-backs, le film plonge au c£ur du rêve américain, en une vision amère où au motif de l’amitié se superposent ceux de la trahison et de la cupidité, comme prix du succès. La perspective est tout sauf complaisante; elle débouche sur un portrait peu amène de Zuckerberg, magistralement interprété sous un jour narcissique et arrogant à la fois par Jesse Eisenberg, et porte par ailleurs la critique implicite de Facebook, invention de génie, certes, mais réseau social virtuel impropre à percer la bulle de solitude de son créateur.

L’édition collector du film est riche en bonus passionnants, au rang desquels un making of permettant de mesurer l’incroyable sens du détail de Fincher (littéralement maniaque au mot près), ainsi que plusieurs modules décryptant différents aspects du film, avec une attention toute particulière pour la partition de Trent Reznor et Atticus Ross.

Une tranche de vie d’Eisenberg

On retrouve par ailleurs Jesse Eisenberg dans Adventureland, film de Greg Mottola ( Superbad, Paul) réalisé en 2009, et resté inexplicablement inédit sur nos écrans. L’action se déroule à l’été 1987, lorsqu’un jeune homme (Eisenberg) se voit contraint de prendre un job dans le parc d’attractions de son bled pour financer ses futures études new-yorkaises. On a connu moins lénifiant comme perspective, que la présence d’une camarade d’infortune (Kristen Stewart) vient toutefois adoucir, en même temps qu’elle a le don de compliquer les choses.

Mieux que la comédie potache annoncée, la tranche de vie associe humour, fraîcheur et sensibilité, non sans dispenser quelques traits joliment acérés, en sus de l’une ou l’autre excentricité. Cerise sur le gâteau, une bande-son impériale, de Big Star aux Replacements. Soit un film insidieusement irrésistible, servi avec les compléments classiques (making of, scènes coupées).

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS

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