Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

DOUBLE FASSBINDER – UN SOMMET ABSOLU ET UNE RARETÉ DU RÉALISATEUR ALLEMAND NOUS REVIENNENT EN VERSION IDÉALEMENT RESTAURÉE.

1 DE RAINER WERNER FASSBINDER. AVEC HANNA SCHYGULLA, GIANCARLO GIANNINI, MEL FERRER. 1 H 55. DIST: TWIN PICS.

2 DE RAINER WERNER FASSBINDER. AVEC GÜNTHER KAUFMAN, HANNA SCHYGULLA, ULLI LOMMEL. 1 H 32. DIST: TWIN PICS.

La filmographie de Rainer Werner Fassbinder est des plus abondantes, malgré la disparition précoce du cinéaste allemand, mort à 37 ans seulement mais ayant signé 27 films(1)! Une restauration exemplaire nous permet aujourd’hui d’apprécier le retour d’une de ses £uvres majeures, et la révélation d’une des moins souvent vues. Avec en guise de fil rouge la présence de son interprète préférée, Hanna Schygulla, à chaque fois dans un rôle de chanteuse (doublée d’une prostituée dans le second cité). Lili Marleen est assurément un des films marquants du prolifique Fassbinder. Ce récit fiévreux sur fond de grande Histoire s’inspire librement d’un personnage réel, la chanteuse Lale Andersen, celle qui chanta ce « tube » qu’est Lili Marleen. L’héroïne du film s’appelle Willie et chante dans les cabarets de Zurich quand débute l’action, en 1938. Cette Allemande a préféré le calme suisse à l’agitation de son pays natal placé sous la botte nazie. D’autant que son amant passionné, le musicien Robert Mendelsson, est juif. Découvrant que ce dernier est actif dans un réseau secret que dirige son père, et qui aide des coreligionnaires à fuir l’Allemagne, Willie voudra s’y impliquer. Mais une fois retournée au pays, elle ne pourra plus revenir en Suisse, et entamera, loin de Robert, une carrière dont la chanson qui donne son titre au film fera une ascension ambiguë, sous les applaudissements de l’establishment à croix gammée… Schygulla est intense, lumineuse, dans un de ses meilleurs rôles, et Fassbinder la filme avec une maîtrise formelle sous laquelle affleure une émotion fervente. Dans un rôle plus discret, l’actrice éclaire aussi, dans une moindre mesure, un Whity réalisé 10 ans plus tôt (en 1971) et qui emprunte au genre westernien tout en développant des thématiques obsessionnelles chez le réalisateur: le racisme, la lutte des classes, le sadomasochisme, l’homosexualité. Centré sur un personnage de domestique noir soumis à une maisonnée décadente et cruelle, le scénario est très démonstratif, une mise en images outrancièrement théâtrale achevant de raidir un propos et une forme qui placent Whity parmi les films les moins réussis de RWF. l

(1) S’Y AJOUTENT UNE QUINZAINE DE TÉLÉFILMS, ET UNE VINGTAINE DE PIÈCES DE THÉÂTRE!

LOUIS DANVERS

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content