Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

LE RÉEL À FLEUR DE PEAU – LE CINÉMA ITALIEN CONTINUE À CREUSER LE QUOTIDIEN AVEC UNE ÉMOTION PALPABLE. LA PREUVE PAR 2 AVEC LA PIVELLINA ET COSA VOGLIO DI PIÙ.

1 DE TIZZA COVI ET RAINER FRIMMEL. AVEC PATRIZIA GERARDI, WALTER SAABEL, TAIRO CAROLI. 1H40. DIST: MELIMEDIAS.

2 DE SILVIO SOLDINI. AVEC ALBA ROHRWACHER, PIERFRANCESCO FAVINO, TERESA SAPONANGELO. 2H. DIST: TWIN PICS.Le cinéma italien avait certes offert ses premiers éclats dans des « péplums », et ce dès l’époque du « muet ». Mais c’est loin des décors de carton-pâte gigantesques et des masses de figurants en toge qu’il a trouvé sa vérité, en même temps que son impact le plus durable sur le 7e art international. La Seconde Guerre mondiale était à peine finie, et sur les ruines du pays fasciste se levait le néoréalisme, dont l’influence allait marquer la Nouvelle Vague française, et plus récemment le travail de cinéastes comme Ken Loach ou les frères Dardenne. A l’heure où le cinéma italien révèle en nombre de nouveaux talents marquants, cet héritage néoréaliste continue à nourrir l’approche de beaucoup d’entre eux. Si le premier travaille le réel au point de prendre par endroits des accents quasi documentaires, alors que le second nous emmène dans une fiction assumée, jouée par de brillants comédiens, La Pivellina et Cosa voglio di piùs’inscrivent dans cette veine réaliste exigeante, riche de résonances sociales et surtout d’une humanité fervente.

La Pivellina nous emmène dans une banlieue pauvre de Rome. C’est là que vivent Patti et Walter, un couple d’artistes de cirque. Ils y habitent une caravane, sur une aire de parking. Un jour qu’elle promène son chien, Patti aperçoit un enfant abandonné. La petite doit avoir 2 ans, et comme elle dit « Aya », on l’appellera Asia… en attendant de retrouver sa maman. Chronique vibrante sur l’adoption provisoire, le sentiment maternel, la vie difficile aux marges de la société, le film du tandem Covi-Frimmel explore avec une lucidité solidaire l’envers du décor de l’Italie glamour projetée par les médias berlusconiens. Patrizia Girardi s’y montre bouleversante de justesse. Autour d’elle et de sa petite protégée, l’émotion circule d’autant mieux que rien ne la sollicite dans le sobre dispositif d’une mise en scène au naturalisme épanoui.

De la banlieue romaine, nous passons à celle de Milan pour Cosa voglio di più de Silvio Soldini ( Pane e tulipani). Anna la quitte chaque matin pour aller travailler en ville, et y revient chaque soir avec le même train. Mariée avec Alessio qui la presse d’avoir un enfant, elle verra son existence réglée secouée par la rencontre de Domenico, et la passion charnelle qu’ils partagent rapidement. Mais lui aussi est marié. De plus, il est père. Et le couple enflammé vivra de rendez-vous clandestins, source de complications infinies… Une excellente interprétation, un regard qui fait partager sans jamais émettre de jugement: Cosa voglio di piùcreuse la thématique de l’amour et des restrictions qu’il affronte avec une force qui va droit au c£ur. Pas plus de bonus sur le DVD que sur celui de La Pivellina, mais 2 £uvres mémorables, qui font leur chemin durablement en nous. l

LOUIS DANVERS

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