Critique | Livres

Souvenirs de l’empire de l’atome

Vincent Genot
Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

RÉTRO-ANTICIPATION | Avec sa couverture aux allures de livre de cuisine des années 50, Souvenirs de l’empire de l’atome ne manque pas de piquer la curiosité.

DE SMOLDEREN ET CLERISSE, ÉDITIONS DARGAUD, 144 PAGES. ****

RÉTRO-ANTICIPATION | Avec sa couverture aux allures de livre de cuisine des années 50, Souvenirs de l’empire de l’atome ne manque pas de piquer la curiosité. Une fois ouvert, l’étrangeté se poursuit: planches explosées, dessins aux couleurs vives et tranchées, graphismes faussement désuets… invitent à la découverte d’un album dont on sent qu’il ne se laissera pas dévorer d’une traite. En matière de mystère, le préambule du récit en ajoute d’ailleurs une couche: cette histoire, qui commence au Mexique en 1964, se passe bien avant la chute de l’empire de l’Atome. De cet empire, on ne sait rien, si ce n’est qu’il porte le même nom qu’un roman de science-fiction, écrit par A. E. van Vogt, en 1956. Paul, le personnage principal, semble d’ailleurs totalement étranger à cette histoire de civilisation atomique. En vacances avec sa famille, ce jeune scientifique part en randonnée avec sa fille à la recherche d’un ancien temple maya. Une fois sur place, les deux protagonistes choisissent une ancienne pierre sacrificielle pour débuter une partie de memory. Chaque carte retournée est pour Paul l’occasion de plonger dans sa mémoire. Apparaissent alors les contours d’un étrange univers… Très découpé, l’album se permet de nombreux sauts dans le temps et l’espace, ce qui pourrait rendre la lecture difficile. Heureusement, Thierry Smolderen a pris grand soin de baliser tout cela. On passe donc de Bruxelles à la planète Shayol sans laisser trop de neurones dans la balade. Une gageure quand on connait la richesse du scénario. Les aventures de Paul et de son monde imaginaire, c’est un peu Jacques Tati au pays des écrivains de science-fiction. Une sorte d’hérésie qui s’avère extrêmement jouissive. D’autant que Dargaud a pris la peine de soigner cette édition. Au final, on se retrouve avec un récit déroutant et passionnant emballé dans un bel objet. Comme lecteur, on peut difficilement exiger mieux.

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