Critique | Livres

La BD de toutes les BD

Le Petit livre de la bande dessinée © Dargaud
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Après le rock ou les Beatles, Bourhis retrace l’histoire du 9e art dans un gros Petit livre de la bande dessinée réalisé avec Terreur Graphique et 70 auteurs invités. Incontournable.

Les trois premiers -dans l’ordre, sur le rock, les Beatles et la Ve République-, Hervé Bourhis les avait imaginés et dessinés tout seul: des anthologies tout en gaufrier, vignettes, petits dessins et anecdotes retraçant une histoire chronologique, érudite mais forcément subjective d’une de ses passions (oui, même la Ve République), réunies dans de gros livres carrés mais baptisés Petit. La bande dessinée, forcément, ne pouvait y échapper: « Depuis que je suis gamin, j’achète des BD, et depuis que je suis ado, des livres sur la BD. Celui-là, ça fait donc longtemps que je voulais le faire, mais j’étais coincé par le fait de redessiner des dessins. J’ai tourné autour du problème pendant des années, mais Terreur, qui lui aussi farfouille dans les greniers, collectionne, possède énormément de références, m’a permis de me décharger de cette responsabilité en le faisant à deux. Je l’ai fait, mais je l’ai moins fait! » Et voilà donc et enfin plus d’un siècle d’Histoire de la bande dessinée résumé en 200 pages et des milliers de dessins, références et anecdotes, grandes ou petites, franco-belges, japonaises ou américaines, et 70 albums majeurs, dont la couverture a été redessinée pour l’occasion et par leurs pairs. Hervé a lui réinventé la couverture des Pirates du Silence, fameux Spirou de Franquin et de 1959. « Ce n’est pas spécialement mon préféré, j’aurais plutôt fait La Corne de rhinocéros, mais c’était à nos yeux le meilleur de cette année-là. Ce livre, c’est d’abord beaucoup de plaisir, et puis énormément de choix. »

La BD de toutes les BD
© Dargaud

De Zig & Puce à Petit Poilu

Cette Histoire amoureuse, bourrée d’infos même pour les amateurs éclairés, se veut plus ludique que pédagogique, mais on y aperçoit pourtant une évolution, flagrante. Si Hergé truste les premiers « albums de l’année » –« il n’y avait que lui, tout le reste était encore en magazines »-, une rupture évidente apparaît dans les années 70, confirmée par Hervé: « A partir de Pilote, nos choix nous dirigent vers des albums plus adultes, parce qu’une rupture est apparue entre BD tout public et BD dite d’auteur. Avant, cette distinction entre le très populaire et le très pointu ne se posait pas, regardez Winsor McCay ou Franquin. Il en reste quand même encore: Petit Poilu, super pour les petits et bien psychédélique pour les adultes, aurait mérité d’être lui aussi un album de l’année. » Reste désormais à faire face aux collègues dont l’ego sera déçu de ne pas y figurer comme ils l’espèrent: « Ça a déjà commencé, un auteur a poussé une gueulante sur les réseaux sociaux parce qu’il n’y figure pas assez. J’ai vérifié, on le cite cinq fois… »

  • DE HERVÉ BOURHIS ET TERREUR GRAPHIQUE, ÉDITIONS DARGAUD, 200 PAGES.
  • HERVÉ BOURHIS EXPOSE POUR QUELQUES JOURS ENCORE DE NOMBREUX DESSINS ISSUS DE SES PETIT LIVRE À LA GALERIE BRUXELLES-PARIS, PLACE DE LA VIEILLE HALLE AUX BLÉS, BRUXELLES.WWW.GALERIEBRUXELLESPARIS.COM

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