Critique | Livres

La BD de la semaine: Retour vers les années 80

Retour vers les années 80 © Delcourt
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

IMAGIER | Que reste-t-il d’une décennie de culture pop, entamée avec le Walkman et achevée avec la GameBoy? Plus de 800 vignettes drôles et flashy dessinées par Pluttark. Incontournable dès 35 ans.

La BD de la semaine: Retour vers les années 80

« Une grosse boîte de madeleines de Proust pour les gens de ma génération. » Pluttark résume ainsi, et on ne peut mieux, l’imagier qu’il a entamé fin 2012 avec, comme première vignette, Steve Jobs présentant un nouvel ordinateur: « Steve Jobs, qui porte encore des costumes cintrés, vous présente le Macintosh. 128Ko de Ram. 2495 dollars. » C’était en 1984, au milieu d’une décennie que les vieux trentenaires et les jeunes quadras n’en finissent plus de ressasser, voire de regretter. Car de 1980 à 1989, de l’invention du Minitel à la sortie du premier numéro de Hot Vidéo, il s’en est passé des choses dans ce que l’on commençait à nommer la pop culture: les Transformers, le CD-Rom, Dragonball, les Pin’s, le Coca light, Magnum, les Bisounours, la Swatch, le retour des épaulettes ou la veste en polaire… Autant de petits souvenirs qui font les grandes nostalgies de la sous-culture, et le coeur de cet imagier iconoclaste, drôle et presque exhaustif. Presque, car s’il prend soin de dédicacer son album à David Hasselhoff, et d’entamer ce revival eighties avec un dessin de Punky Brewster, Pluttark souligne lui-même, en fin d’ouvrage, ceux dont il a oublié de parler (entre autres Traci Lords, Jeanne Mas, le sac banane, Nulle Part Ailleurs, Philippe de Dieuleveult, Jim Jarmusch, le groupe Gold ou les scooters BMX). Mais pour le reste, tout y est!

Trivial Pursuit pop

Si ce Retour vers les années 80 forme un bien beau livre, il ne se lit évidemment pas comme une BD, qu’il n’est pas: Pluttark, aka Rudy Spiessert quand il dessine à la plume et au trait, ce qui n’est pas le cas ici, nous invite au contraire à picorer dans les années et les sections tel un Trivial Pursuit pop et plus drôle (Art et culture, Sport, Playlist, Pages people, Sur les Ecrans, etc.), chaque année de la décennie s’achevant sur une page de devinettes pas toujours évidentes (Quel single est numéro un des ventes en France en 1980, hein?) mais qui convoquent à chaque fois les souvenirs et les sourires. Et si personne ne regrette Rick Astley, une évidente nostalgie s’emparera des lecteurs, plongés dans cette époque pas si lointaine, mais tellement différente (en 89, la députée Ségolène Royal entamait une croisade contre les dessins animés japonais, dangereux pour la santé mentale des téléspectateurs…). Et pour ceux, les sales jeunes par exemple, qui ne s’y retrouveraient pas, le sens de la caricature et de la synthèse de Pluttark valent à eux seuls le coup d’oeil.

  • DE PLUTTARK, ÉDITIONS DELCOURT, 240 PAGES.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content