Critique | Livres

La BD de la semaine: PDM – Paquet de merde

© Éditions Paquet
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

AUTOBIO | L’éditeur Pierre Paquet raconte ses débuts et rend hommage… à son chien, sous un titre qui ravira ses détracteur et en dit long sur le personnage.

Il faut au moins lui laisser ça: Pierre Paquet a le sens de la formule -et de l’autoflagellation. Appeler sa biographie en BD Paquet de merde, fallait oser! Surtout quand on est, comme lui, habitué aux polémiques et à être voué aux gémonies par une bonne partie de la profession. Pierre Paquet, franco-belge, né et installé en Suisse, est en effet le fondateur des éditions du même nom, lancées en 1997 à l’âge de 22 ans après avoir fait presque fortune avec une première entreprise, et un autre business, qu’il possède encore. Un lancement effectué sur un coup de tête comme il l’explique dans PDM, suivi d’années de galère et de difficultés, également relationnelles; inimitiés avec des auteurs, problèmes de contrats, méthodes expéditives ou intrusives… Ses débuts lui ont permis de se faire une réputation, pas toujours flatteuse. « L’écriture de cet album m’est venue à un moment où je pensais tout arrêter, nous a confirmé le jeune quadra, croisé à la récente Foire du Livre. Jeune éditeur, j’ai parfois mal agi, mal communiqué, et je n’avais alors que des retours négatifs, c’est une période de ma vie où je me sentais vraiment une merde. D’où le titre. Mais je me suis accroché parce que mon nom est sur la couverture. C’est une partie de mon âme. »

La BD de la semaine: PDM - Paquet de merde
© Éditions Paquet

Depuis, les éditions Paquet ont fait mieux que se reprendre; il reste aujourd’hui le plus petit des grands éditeurs, ou le plus grand des petits, mais semble acquérir depuis deux ans une nouvelle dimension avec le rachat des éditions Proust, le développement de cinq labels spécifiques (« Kramiek » humoristique et très flamand, « Paquet » avec ses récits d’aviation, etc.) et une ligne éditoriale plus lisible. Une légitimité enfin reconnue, mais qu’il vient bousculer lui-même avec ce Paquet de merde.

Ami des bêtes ou misanthrope?

Car aussi étrange que cela paraisse, cet album n’est pas le récit d’un éditeur, mais bien d’un homme, seul, et amoureux de son chien. On pensait y lire de croustillantes anecdotes sur le monde de l’édition, narrées par l’un de ses acteurs, mais ce Paquet de merde n’évoque que très peu la BD. L’auteur confirme: « Je voulais surtout rendre hommage au monde animal. Et à mon chien. Il a été ma bouée de secours pendant toutes ces années. Sans mon chien, il n’y aurait plus les éditions. » Des éditions qui continuent, principale motivation, à rechercher de jeunes auteurs, comme cet excellent Jesus Alonso, qui met son trait nerveux et formé dans l’animation au service de ce déballage parfois très intime. Un déballage de Paquet qui touchera donc les amis des animaux plus que les auteurs de BD. De la part de l’éditeur Paquet, c’est bien vu: ils sont beaucoup plus nombreux.

PDM – Paquet de merde, de Pierre Paquet et Jesus Alonso, éditions Paquet, 208 pages.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content