Critique | Livres

[La BD de la semaine] Mon père était boxeur, de Barbara Pellerin, Vincent Bailly et Kris

© Futuropolis
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

RÉCIT | Fascinée par l’ambiguïté de son père, Barbara Pellerin en a tiré à la fois un docu et une BD. Les deux faces d’une même pièce, d’ailleurs vendues ensemble.

L’éditeur Futuropolis s’est fait le spécialiste ces dernières années de l’édition de reportages en bande dessinée et autres « docu-BD » ancrés dans le réel, fût-il intime. C’est dire si la démarche de la Française Barbara Pellerin ne pouvait que l’intéresser: photographe, cinéaste, elle s’est lancée il y a quelques années dans un documentaire autobiographique basé sur son père Hubert Pellerin, ancien boxeur, et sur les boîtes de films retrouvées dans un grenier, relatant et immortalisant ses rares exploits sportifs et quelques moments plus privés. Un documentaire qui, sous le prétexte de s’intéresser au monde de la boxe, questionne en réalité les relations difficiles voire inexistantes entre une fille et son père. Barbara Pellerin allait s’attaquer au montage de ses images quand elle a rencontré le scénariste Kris, lui-même féru d’adaptation et de BD du réel (on lui doit entre autres Un homme est mort avec Étienne Davodeau). Kris y a tout de suite vu la possibilité d’une bande dessinée, complémentaire plus qu’additionnelle, dont il a confié le dessin à Vincent Bailly: « Ce que le film ne dit pas, le livre le montre« , explique désormais les auteurs de ce Mon père était boxeur, effectivement poignant et très (trop?) autobiographique.

Un père absent

[La BD de la semaine] Mon père était boxeur, de Barbara Pellerin, Vincent Bailly et Kris

De fait, là où le documentaire homonyme peut s’appuyer sur des images d’archives et les quelques enregistrements effectués par Barbara auprès de son père peu avant sa mort, la bande dessinée prend au contraire appui sur sa voix off et ses questionnements intérieurs et intimes sur ce père, violent, qu’elle ne cernera jamais vraiment -et le lecteur non plus. C’est le seul écueil de ce récit impressionniste par nature: là où le documentaire se centre sur le père, la BD se retourne vers la fille, et c’est elle la véritable héroïne de ce parcours de vie dont l’enfance a échappé de peu au traumatisme -« Je ne me souviens que des disputes, de mon père fou de rage, fou d’amour, fou de jalousie, fou d’une violence qui le dépassait. J’ai baigné dans la crainte d’un débordement, d’un coup de folie, du meurtre« – et qui est au coeur de ces 80 pages. Elle et sa relation forcément douloureuse avec ce père peu recommandable qui a reniflé la gloire, mais en est revenu alcoolique, violent et au final suicidaire. Un père relativement absent de l’album qui lui est consacré, mais qui donne en même temps l’irrésistible besoin de se plonger dans la vision du DVD, pour en savoir et comprendre plus. Une addition nécessaire pour apprécier la qualité de l’ensemble: si c’était le but de la démarche, il est largement atteint.

DE BARBARA PELLERIN, VINCENT BAILLY ET KRIS, ÉDITIONS FUTUROPOLIS, 80 PAGES. AVEC LE DVD DU DOCUMENTAIRE.

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