Haarman, le boucher de Hanovre

HAARMAN, LE BOUCHER DE HANOVRE, DE ISABEL KREITZ ET PEER METER, ÉDITIONS CASTERMAN. ***

HISTOIRE VRAIE | « Un être humain est bien peu de chose. Tout au plus le contenu d’une valise. » Reconnu coupable de 24 meurtres, condamné 24 fois à mort, Fritz Haarmann a ce genre de phrase, glaçante au possible. Comment expliquer la longévité du boucher de Hanovre, ces longs mois durant lesquels il tue jeune homme après jeune homme? Le tueur en série est, paradoxalement, protégé par son statut de précieux indicateur de la police. Il a même reçu une (officieuse) carte de police, très utile pour emmener chez lui des solitaires dénichés dans le hall de la gare centrale. Les violer, les découper et… revendre la viande au marché noir. Ce qui le rend précieux pour ses voisins, qui le courtisent (ou, pour certains, l’évitent). On comprend le choc qui sera le leur lorsqu’ils découvriront que ces morceaux de porc et ces saucisses, appréciés en ces temps de disette post-Traité de Versailles, ne recelaient aucune once de chair animale. C’est le grand talent de Kreitz et Meter que d’avoir transcrit, dans un crayonné dynamique et une narration au cordeau, cette succession de doutes envers Haarmann, et de protections. Et, surtout, d’avoir semé le trouble et engendré un fascinant dégoût dans le chef du lecteur.

V.D.

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