Foire du livre: l’Imaginarium, ou la BD dans tous les sens

© Adèle Dachy
Stagiaire Le Vif

Pour sa 43e édition, la Foire du Livre de Bruxelles a décidé de faire revivre la bande dessinée. L’Imaginarium se présente comme un couloir multi sensoriel de la BD, une façon de découvrir le travail qui se cache derrière cases des bandes dessinées.

Il y a six mois, Ana Garcia, commissaire générale de la Foire du Livre de Bruxelles, a décidé de dynamiser la présence de la bande dessinée. Elle a contacté Fabrizio Borrini avait déjà participé à des « concerts dessinés ». En trois mois, ils ont finalement monté ce « laboratoire expérimental ». Tout a dû être organisé dans l’urgence. Mais aujourd’hui, jour de la première « session », ils sont fiers du résultat, même s’ils corrigent encore quelques détails techniques qu’ils espèrent que le public ne remarquera pas.

A l’origine du projet, il y a donc Fabrizio Borrini, lui-même dessinateur de BD et nommé responsable du pôle BD de la Foire pour l’occasion. Le nom d’Imaginarium lui est venu après qu’il ait vu le film L’imaginarium du docteur Parnassus de Terry Gilliam. L’architecte d’intérieur de la Foire, Roberto Cassol, a donné vie à l’Imaginarium. L’idée, c’est qu’à travers l’immense librairie qu’est la Foire, on puisse entrer dans le ventre de la création. « Pour un illustrateur, c’est plus gratifiant de montrer à son public le travail qu’il réalise concrètement au quotidien », explique Ana Garcia.

De Bilal à Zep

Par petite équipe ou en solo, les illustrateurs de Fin de siècle (Bilal), de Titeuf (Zep) ou du Petit Spirou (Janry) dessinent, sur des tablettes lumineuses. Leurs dessins sont projetés en direct sur les murs. Les dessinateurs sont très enthousiastes, mais certains ont une petite appréhension: « quand on est tout seul chez soi, on peut répéter à l’infini jusqu’à ce qu’on soit satisfait du dessin, tandis que là, ce qu’on fera sera directement montré » s’inquiète Sylvain Savoia (Marzi). « C’est un métier solitaire, et on est confronté ici à une sorte de salle de concert… C’est un défi intéressant, qui peut révéler de nouvelles choses, artistiquement parlant » juge Matthieu Burniat (Shrimp). En cinq jours, 35 illustrateurs se produisent. Les étoiles dans les yeux, Farbizio Borrini espère inviter « pourquoi pas Tim Burton ou Joann Sfar (Donjon, Le chat du rabbin) l’année prochaine ».

Un disc-jockey et un video-jockey

Dans la salle de 600 m², l’équipe s’affaire pour habiller l’univers des dessinateurs de sons et de lumières. La pièce est obscure, et les images animées créées par le collectif carolo Dirty Monitor s’agitent sur le mur. Le procédé qu’ils utilisent s’appelle le mapping. Ces VJ (video-jockeys) travaillent habituellement pour des festivals comme Dour, ou dans des boites de nuit. Pour l’occasion, ils ont sélectionné des planches les BD parmi les albums des dessinateurs participant. « On fait vivre la BD, mais ce n’est pas du dessin animé », explique Mauro. Via des logiciels 3D, ils projettent ces images animées sur tous les murs de la salle, et sur des structures de cubes blancs. A l’habillage visuel, Karl M ajoute un habillage sonore. Le DJ liégeois de 25 ans se produit depuis deux ans dans des night-clubs, mais a créé des morceaux spécialement pour l’événement. En plus de ce spectacle audiovisuel, des capsules vidéos d’une minute sont projetées sur les murs entre les performances des dessinateurs. « On met en scène les slogans de la Foire du livre, ce qui donne lieu à des situations farfelues, où Shakespeare tombe amoureux de Cendrillon par exemple » explique Grégory Laurent, comédien au conservatoire de Bruxelles.

Une histoire de coeur qui a un coût

Mettre en place l’Imaginarium a couté entre 60.000 et 70.000 euros, estime Ana Garcia. « C’est vraiment peu, par rapport à ce que ça représente. Tout le monde nous a fait des prix au rabais. Sans ça, nous n’aurions jamais eu le budget nécessaire à l’organisation d’un tel événement. » Si les illustrateurs de BD viennent dessiner gratuitement, il y a le prêt du matériel, la salle, les ingénieurs du son et des lumières à payer. L’Imaginarium, c’est « la technologie mise au service de l’émotion » résume Farbizio Borrini.

Adèle Dachy

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