Critique BD : Cecil et Jordan à New York

Quatre petites pages de pur bonheur surréaliste ouvrent le recueil « Cecil et Jordan à New York » – le réalisateur Michel Gondry ne s’y est pas trompé, qui a adapté l’historiette au cinéma sous le titre « Interior Design ».

De Gabrielle Bell, Editions Delcourt.

Fraîchement arrivés dans un New York pluvieux, Cecil et Jordan squattent chez une vieille copine ; lui se trouve un boulot abrutissant, elle cherche un plan logement bon marché. Deux pages se passent… puis on plonge en pleine irréalité. « Je n’avais nulle part où aller, raconte Cecil. Et c’est la raison pour laquelle je me suis transformée en chaise. » Une chaise rouge dont se saisit un quidam, qui l’emporte chez lui. La chaise ne redevient Cecil qu’en son absence. Paradoxe : c’est comme si elle n’avait jamais existé, et pourtant, sa vie a enfin pris son sens puisque, en chaise, elle se sent « plus utile que jamais ».

Tout n’est certes pas aussi « bizarro » chez Gabrielle Bell, qui pratique davantage la (semi-)autobiographie sur ce ton doux-amer qu’elle maîtrise à merveille, notamment dans les récits Colonie de vacances et Frappez-moi. Les affres d’une adolescence à l’écart, dans un trou sans électricité. Vous trouverez peut-être tout cela bien peu marquant de prime abord. Mais Bell vous laisse un arrière-goût qui reste longtemps, très longtemps au fond de la gorge. Et donne envie d’en lire davantage.

V.D.

http://gbell.wordpress.com

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