L’ancienne colonie belge n’en finit plus d’inspirer les auteurs de BD. Tous de manière différente, mais tous fascinés par une histoire qui se dévoile enfin.
Il y avait déjà eu Tom Tirabosco et son formidable Kongo en début d’année, lui-même précédé par le Atar Güll de Brüno, mais le Congo et ses misères coloniales, de la fin du XIXe siècle à son indépendance, est définitivement (re)devenu une terre d’inspiration pour les auteurs franco-belges. Trois albums se partagent ainsi et parmi d’autres les devantures des librairies éclairées: trois albums très différents, mais qui recèlent une même fascination pour ce pays et son Histoire, comme on en avait plus vu depuis… Tintin. L’époque et le ton sont évidemment radicalement différents (même si tous s’y réfèrent d’une manière ou d’une autre) et sont cette fois on ne peut plus critiques, des exactions de Stanley à la disparition de Lumumba. Un sentiment d’inventaire qui transcende les styles et les formats.
Retour au Congo
Le jeune journaliste Rémy Georget (Georget Rémy, Georges Rémy, Hergé…) se retrouve en 1928 dans la colonie belge sur les traces du roi Léopold II, pour une succession d’aventures truculentes et de clins d’oeil à la BD de papa. Hermann fils y met un fond de satire, Hermann père y va de ses superbes dessins en couleurs directes, mais l’ensemble reste lourdaud, et étonnement light. Mais difficile d’être pris au sérieux avec des personnages qui se nomment Brancard ou Albert Lingot…
DE HERMANN ET YVES H., ÉDITIONS GLÉNAT, 56 PAGES. ***
Africa Dreams – Ce bon monsieur Stanley
L’opération de sauvetage du gouverneur Emin Pacha fut l’une des dernières grandes expéditions privées du XIXe au coeur de l’Afrique, et de la colonie belge. Menée par le célèbre explorateur Stanley, sbire du roi Léopold, elle fut aussi l’une des plus meurtrières… Troisième volume d’une saga comme les époux Richel aiment en conter, cet Africa Dreams se veut plus politique que leurs précédents opus. Et jette un regard documenté sur le processus de colonisation, les exactions et les manoeuvres politiques, peu reluisantes, du Roi des Belges.
DE MARYSE & J-F RICHEL ET FRÉDÉRIC BIHEL, ÉDITIONS CASTERMAN, 48 PAGES. ***
Les jardins du Congo
Yvon le colon découvre l’Afrique et le Congo au lendemain de la guerre, qu’il a vécue quatre ans durant planqué dans les forêts ardennaises. D’une nature à l’autre, et d’une violence à l’autre, l’indépendant Nicolas Pitz tisse le récit atypique, dans la forme et le fond, de la vie chahutée de son grand-père, témoin de son temps et de ses excès. Publiés une première fois chez Manolosanctis, ressortis et retravaillés pour la Boîte à Bulles, ces Jardins du Congo réussissent à mêler onirisme et réalité historique dans un même récit à l’atmosphère pesante.
DE NICOLAS PITZ, ÉDITIONS LA BOÎTE À BULLES, 144 PAGES. ****
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