Serge Coosemans

Retour de la poésie, maladies de jean-foutres et boire en journée en robe de nuit: voilà les tendances 2016

Serge Coosemans Chroniqueur

2016, année balèze? Ou année du gros malaise, de la mayonnaise, de la bouillabaisse, de la fin de l’espèce, du sexe viril en Grèce, de la punaise, de 2015 son antithèse? Après avoir écrémé les sites observateurs de tendances, Serge Coosemans nous fait le point sur qui nous attend probablement d’ici 2017. Crash Test S01E18.

Tendance n° 1. Dîner en ville en caleçons longs et en survêtement de sport

Il m’étonnerait fort que le très britannique The Guardian connaisse la signification du terme « baraki » et c’est très certainement pourquoi il ne vient pas à l’esprit de Hannah Marriott, la contributrice fashion du journal, de faire le rapprochement entre le look usuel de nos bons gros prolos wallons et ce qu’elle nous propose comme « grandes nouveautés » vestimentaires pour 2016. Selon Marriott, l’année à venir sera en effet marquée par le « leave your house in your pants » ainsi que par le retour chic du survêtement de sport; tendances d’ailleurs déjà confirmées par quelques griffes prestigieuses, dont Gucci. C’est que c’est aussi dans l’air du temps, nous annonce The Guardian. Foutre le nez dehors en pyjamas, en robes de nuits et autres caleçons longs fera ainsi écho à la grande exposition sur l’histoire du sous-vêtement prévue au Victoria & Albert Museum de Londres pour ce printemps. Quant à la recrudescence du survêt sportif pour sortir le soir, ça sera bien sûr en honneur aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro. Trainings et caleçons apparents pour tous, jaune devant, brun derrière, en poussant un peu, on va aussi droit au revival Reiser, j’ai envie d’ajouter.

http://www.theguardian.com/fashion/2015/dec/31/odd-socks-florals-and-a-fried-egg-iphone-case-fashion-inspired-by-2016s-cultural-calendar

Tendance n° 2. Devenir aveugle et se faire exploser en tentant de distiller son propre alcool

Niveau fooding et culture-bouffe, 2016 sera, pour le Los Angeles Times, l’année du DYOB. Autrement dit, du « Distill Your Own Booze », ce qui revient à « fabriquer sa propre biture ». On ne parle pas ici de micro-brasseries avec pignon sur rue mais bien d’expériences de petits chimistes soiffards à domicile, autrement dit de hipsters-artisans s’échangeant sur les réseaux sociaux des recettes et des trucs pour se fabriquer son propre alcool, sa propre bière, son propre sucre même. Il faut donc aussi prévoir dans les mois qui viennent une épidémie occidentale de cécité, quelques explosions ménagères n’ayant aucun lien avec le terrorisme islamiste et Jan Jambon dans le rôle du nouveau Eliot Ness. La tendance n’est toutefois pas réservée qu’aux amateurs de tord-boyaux et autres moonshines à faire cracher un demi-poumon grillé, nous précise le Los Angeles Times, puisque certains en sont déjà aussi à fabriquer leur propre café et leur propre huile d’olive. Dysenteries à échelles continentales, le retour.

http://www.latimes.com/food/dailydish/la-dd-pinterest-10-trends-20151216-story.html

Tendance n° 3. Se montrer digne des valeurs de son yaourt.

Trendwatching.com, un observatoire du consumérisme parmi d’autres, nous en prévoit lui aussi une bien bonne: selon ces Nostradamus d’open-spaces, 2016 va en effet marquer un nouveau shift dans le rapport du consommateur aux marques. Revoyons nos classiques: dans un premier temps, l’acte d’achat était principalement basé sur le désir de propriété et le besoin primaire. Puis, le marketing a beaucoup misé sur l’expérience client. Dans les mois qui viennent, cela devrait encore changer et cette fois, c’est sur le statut que tout se jouera. À une époque où tout est disponible pour n’importe qui et livrable à la maison tout le temps, ce qui distinguera les marques de la concurrence, c’est en effet le statut du client et qui dit « statut du client » envisage carrément d’imposer aux consommateurs un rapport assez ambigu par rapport aux marques. En gros, le client n’est plus roi mais devient membre d’une communauté exclusive et pour mériter d’en faire partie, il doit prouver sa créativité et son bon goût (notamment via des jeux crétins sur Internet). Bref, il ne s’agit plus de pouvoir se payer un truc mais bien de jouer sur la notion qu’il faut MÉRITER le truc, ainsi que correspondre à ses valeurs. Ce qui fait tout de même beaucoup de chichis pour un froc ou un yaourt.

http://trendwatching.com/trends/5-trends-for-2016/

Tendance n° 4. Développer la même maladie que Marcel Sel, Michel Henrion et Anne Löwenthal

On connaissait le FOMO, « the Fear of Missing out », « l’angoisse de rater quelque chose ». Comme nous l’explique Wikipédia, c’est « une sorte d’anxiété sociale caractérisée par la peur constante de manquer une nouvelle importante ou un autre évènement quelconque donnant une occasion d’interagir socialement ». Bref, la maladie dont souffrent beaucoup de gros utilisateurs du Net participatif (cas célèbres: Marcel Sel, Anne Löwenthal, Alain Destexhe, Michel Henrion…); cette affection qui se diagnostique quand le patient devient tout vert si jamais il devait commenter une connerie de Jacqueline Galant avec trois heures de retard. Selon Ad Week, un site spécialisé dans le marketing, cette tocade serait en train de muter. « FOLO is the new FOMO », osent-ils même annoncer et c’est gratiné puisque FOLO est en fait l’acronyme de « Fear of Living Offline », c’est-à-dire non seulement l’angoisse de vivre déconnecté mais aussi que sa véritable personnalité ne soit pas vraiment en raccord avec celle présentée et perçue sur les réseaux sociaux. Pour ces âmes en détresse paumées sur le dancefloor du bal des schizos; tout espoir n’est cela dit pas perdu puisque Ad Week prévoit également pour 2016 un gros boom de la marijuana légale et des produits à base de ganja vendus tout à fait normalement en magasins. Ce qui pourrait drôlement aider les victimes du FOLO à prendre un peu de distance, man.

http://www.adweek.com/video/technology/why-folo-new-fomo-and-4-other-hot-cultural-trends-know-2016-168717

Tendance n° 5. Se bourrer la gueule et faire du tapage en journée

Chez nous, Darty, ça fait directement penser à l’électroménager. Dans le monde anglo-saxon, c’est avant tout la contraction de « Day » (jour) et « Party » (fête) et c’est aussi une grosse tendance qui pointe, selon pas mal de sites spécialisés. Ils ne s’expliquent pas trop pourquoi, il se fait juste qu’il a été remarqué que les millenials (la génération née entre 1980 et 2000) ont de plus en plus tendance à se bourrer la gueule et faire la fête en journée (généralement de midi à 18 heures, le samedi et/ou le dimanche). Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle puisque combiné à la Boîte noire de l’horeca et aux menaces terroristes, cette tendance pourrait carrément nous couler pour de bon toute vie nocturne. Un monde où même les dealers pourraient fermer à 20 heures. La namurisation de l’Occident.

Tendance n° 6. Le retour de la poésie

J’ai gardé l’horreur absolue pour la fin. 2016 devrait en effet aussi marquer le grand retour de la poésie. Il est à prévoir des battles de haïkus, du slam à tous les étages, des workshops de déclamation, des concours, des bouquins, des émissions radio. 10.000 Houellebecq de série Z, 100.000 apprentis Abd El Malik, ainsi que du Rimbaud déclamé sur un beat hip-hop (ah non, ça, c’était il y a 20 ans). Poète poète, pouet pouet. Playmobil, demi-Playmobil, comme disait l’autre. Meilleurs voeux, after all?

http://blog.hubspot.com/agency/cultural-trends-2016

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