Myriam Leroy

Sur l’estomac

Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

La déferlante culinaire n’en finit pas de faire des petits à la télévision. Avec Dancing Cuisine et L’amour au menu, l’indigestion n’est pas loin.

La chronique de Myriam Leroy

On en a soupé de la cuisine à la télévision. Jusqu’à la nausée. Et on nourrit un rêve: qu’elle soit enfin remisée au placard. Ce qui nous est resté sur l’estomac? L’annonce de la mise sur antenne prochaine sur la Deux de Dancing Cuisine, une capsule estampillée M6 durant laquelle un danseur exécute une chorégraphie ET une recette en même temps. Une minute sponsorisée par Pyrex (les plats en verre -pardon, en Pyrex ®- qui vont au four), un placement produit à peine déguisé, une pub qui ne dit pas son nom, et qui surfe sur la boulimie cathodique actuelle de produits culinaires.

Dancing Cuisine n’est ni le premier ni le dernier programme à s’engouffrer dans la brèche ouverte chez nous par Un dîner presque parfait, une émission de M6 rapatriée par RTL d’abord sur Plug RTL, ensuite sur son antenne phare au vu de ses audiences plantureuses, et qui a même sa déclinaison belge. L’an dernier, Qui se met à table?, prétexte pour vendre de la Leffe sur RTL (InBev supportait la séquence en échange d’une visibilité), s’invitait chez des people pour fouiller leur frigo et concocter un repas sur cette base. L’occasion également de papoter en toute intimité avec la « star » visitée. Parce qu’aujourd’hui, Gourmandises de Louis Willems ou La Cuisine des Mousquetaires de Maïté n’auraient plus rien d’appétissant. L’ingrédient essentiel désormais, pour cartonner en télévision: l’émotion -alliée à la compétition, c’est encore mieux.

Le cerveau crie famine

Top chef et Masterchef l’ont bien compris: une découpe d’orange y devient une entreprise hautement haletante, un carpaccio de Saint-Jacques fait dégouliner la sueur des tempes de ses artisans, et la pression pour réussir une mousse d’avocats sans grumeaux fait craquer jusqu’aux plus durs des malabars des cuisines.

De son côté, Un dîner presque parfait mise sur la perfidie naturelle de ses candidats pour scandaliser dans les chaumières, et sur le charme de certains pour faire chavirer les coeurs.

Parmi les dernières nées des émissions prétextant un repas pour en réalité raconter une histoire humaine: L’amour au menu (Direct 8). Une sorte de Tournez manège, lui aussi à l’aveugle, dans lequel chaque semaine 5 prétendants tentent de décrocher un dîner avec le ou la célibataire qu’ils convoitent, d’abord avec leur menu simplement couché sur le papier, ensuite en réalisant les plats promis. Autre particularité: le suivi. L’amour au menu recontacte le couple final quelques semaines après sa rencontre, histoire de voir si les affinités alimentaires ont donné naissance à une relation durable.

Encore un principe creux, encore un divertissement vide de tout, surtout de sens. Un pur abrutissoir pour employés lessivés par leur métro-boulot-dodo, dans lequel l’assiette compte moins que la langue qui va en malaxer son contenu. L’indigestion guette.

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