Fièvre hip hop au Jacques Franck

© Dati Bendo

Une fièvre émotionnelle s’est propagée dans la salle intimiste du Jacques Franck, jeudi soir. Le centre culturel de Saint-Gilles s’est associé à Lezarts Urbains pour la semaine Hip Hop. Des « work in progress » de jeunes talents ont été présentés pour convaincre des programmateurs.

Le premier show a hissé très haut le niveau avec « Dieudonna Ka », spectacle personnel fort en émotion. Une soeur et un frère mêlent leurs talents respectifs de chorégraphe et de rappeur pour rendre hommage à leur père. Un papa mort sur scène en octobre dernier et qui n’est autre que le grand Dieudonné Kabongo.

Johanna souffrait de ne pas avoir suffisamment connu son père, et du fait qu’il n’ait pas été reconnu comme artiste à sa juste valeur. Elle a donc fouillé dans sa vie pour le faire revivre sur scène. A sa mort, cette guerrière s’est sentie désarmée et a décidé de se mettre à nu pour la première fois sur scène avec son frère. Elle a fait rejaillir ses origines congolaises qu’elle ne connaissait que trop peu. La jeune fille a mêlé sa grande pratique du hip hop à la danse africaine. Elle était accompagnée de quatre danseuses. Son frère, lui, a pris le micro pour déclamer un poème à son père. « The show must go on! », clame Johanna.

Des danses au caractère identitaire

Angélique Kaba s’élance pour la première fois seule sur scène avec l’appui de Lezarts Urbains. Enfin, pas tout à fait seule, puisqu’elle convoque sa mère, son frère et nous invite dans leur relation triangulaire complexe. Elle évoque, par la danse hip hop mixée à la danse africaine, de grandes phases de sa vie comme la naissance de son frère. Avec son spectacle « Misato », Angélique nous livre des moments attendrissants, par exemple lorsqu’elle se met à gigoter comme un nouveau-né. Seul bémol, les rythmes et références musicales trop évidents et banals venaient parasiter le langage émotif d’Angélique Kaba.

Bruce Blanchard monte sur scène comme il monte sur un ring. Endurci par les épreuves de la vie, les tentations de la rue, le streetfight, les paris, le show biz qui sort les crocs, Bruce a trouvé finalement refuge dans la danse pour s’exprimer. Adepte du free style, il entrave volontiers les codes hip hop pour glisser instinctivement vers le jazz, la danse contemporaine et africaine. Pour ce spectacle appelé « Up », Bruce Blanchard prend des risques en confrontant une danse et une musique qui ne vont pas spécialement ensemble. En confrontant parfois la dureté et la grâce. La chorégraphie a précédé le choix des morceaux, ce qui a ouvert d’autres horizons à l’artiste qui a laissé libre cours à sa créativité. Le danseur était accompagné d’un orchestre talentueux : la chanteuse soul américaine Mo, un claviériste et un percussionniste.

Style Comics et Tarantino avec les Swaggers

La soirée s’achève avec la représentation d’une troupe parisienne dont la réputation n’est plus à faire. Leur passage à Bruxelles a fait grand bruit. Les quatre jeunes femmes des Swaggers se sont transformées en héroïnes sous les yeux ébahis du public. Ces guerrières vont mener un combat contre elles-mêmes et se réincarner en héroïnes au fil de leur chorégraphie. Tenue identique, coiffure futuriste, danse sur des musique électronique, house, jeux de lumière : les Swaggers empruntent à l’univers des comics et au style cinématographique de Tarantino avec leur spectacle « Reborned ».

La seconde soirée programmée à la fois par Lezarts Urbains et le centre Jacques Franck aura lieu le 22 avril. Elle sera consacrée à la présentation des meilleurs shows chorégraphiques de l’année : une scène ouverte aux danseurs plus confirmés (BOSS, Crazy Alliance, etc.), aux écoles de danses et aux des jeunes compagnies (Contre Tendances, Lil Time, Impulsion, etc.).

Astrid Thins (stg)

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