Quatre films ridiculement minutieux sur l’espace qui ont négligé un détail

Geert Zagers Journaliste chez Knack Focus

C’est cette semaine que sort The Martian, le film de Ridley Scott sur un astronaute qui échoue sur Mars et essaie de survivre. « I’m going to have to science the shit out of this », dit Matt Damon dans la bande-annonce. C’est précisément ce qu’on pensait. Check, check, double check: quatre films d’espace ridiculement minutieux qui ont négligé un petit détail.

SEUL SUR MARS (THE MARTIAN)

Matt Damon dans The Martian (Seul sur Mars) de Ridley Scott.
Matt Damon dans The Martian (Seul sur Mars) de Ridley Scott.© DR

Pour ceux qui ne savent pas de quoi on parle: dans Seul sur Mars, Matt Damon échoue sur la Planète rouge lors d’une mission spatiale et doit tenter d’y survivre pendant quatre ans dans l’espoir que d’ici là la NASA vienne le chercher. MacGyver sur Mars, donc, car y trouver un logement, de quoi manger et de l’eau est tout sauf évident.

Aussi, ce « science the shit out of this » (« Je vais devoir en chier, de la science! ») de la bande-annonce n’est pas absurde: non seulement Seul sur Mars est basé sur le livre éponyme d’Andy Weir qui a passé deux ans sur Google Search pour étudier l’aspect scientifique de la survie sur Mars, mais pour le film, le réalisateur Ridley Scott s’est fait aider par la NASA, qui considère le film comme une promotion pour ses recherches.

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Si Damon se chauffe donc à l’aide d’un générateur thermoélectrique à radioisotope, il ne s’agit pas simplement de trois termes mis bout à bout. Et quand il réussit à condenser de l’eau extraite du carburant d’hydrazine à l’aide du CO2 dans l’air pour arroser ses plantes, c’est chimiquement possible.

Même si on doit dire que dans les milieux d’astronautes, cette dernière technique est qualifiée d' »option B ».

Option A: emporter un arrosoir

On trouve ça assez drôle: il a fallu six ans de recherches pour que tous les détails soient 100% exacts. Et puis, six mois après le tournage, Curiosity, le rover de la NASA se pose sur Mars et il s’avère qu’il y a probablement beaucoup plus d’eau que ce qu’on pensait: un kit de condensation et un arrosoir devraient suffire pour arroser vos plantes. Du coup, Ridley Scott a vu littéralement tomber sa trame à l’eau.

Attendez, aujourd’hui littéralement signifie au figuré, non?

INTERSTELLAR

Interstellar, de Christopher Nolan
Interstellar, de Christopher Nolan© DR

Ce qui nous amène à cet autre film où Matt Damon doit tenter de survivre sur une autre planète: Interstellar. Pour un film qui ressemble pas mal à une trame tissée autour du vide, le flirt filmique de Christopher Nolan avec la théorie de relativité semblait étonnamment véridique. Véridique en théorie, évidemment.

Toute la trame sur la façon dont dans l’espace un père peut être plus jeune que sa fille: c’est vrai en théorie. Ce remue-ménage dans la librairie: une visualisation assez courante d’un monde théorique à quatre dimensions – un tesseract. Et il est effectivement possible en théorie que votre futur moi vous incite depuis l’espace à vous rendre dans l’espace. Une poule qui voyage dans le passé pour pondre l’oeuf qu’elle devient elle-même: c’est possible. Personne ne comprend. Personne ne peut l’expliquer. Mais en théorie, c’est tout à fait possible.

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C’est d’autant plus regrettable qu’Interstellar avait perdu sa crédibilité sur Terre, car nous parlons de la scène où Matthew McConaughey s’installe sur sa terrasse avec une bière et songe à la dernière céréale sur Terre, le maïs. Faire remarquer en buvant une bière qu’il n’y a plus de céréales, c’est comme se plaindre avec un Fristi à la main que plus aucune vache ne donne du lait. Il ne faut pas être mécanicien quantique pour voir le paradoxe.

Et si vous pensez: « Euh, jamais entendu parler de chicha, la bière péruvienne fermentée au maïs? », on vous répond: « Euh, oui. Mais vous n’y avez sûrement pas encore goûté. » Disons simplement que la chicha n’est pas le genre de boisson qu’on boit sur sa terrasse.

D’ailleurs, un film qui a fait de l’exposition détaillée son thème central, on s’attendrait à ce que McConaughey dise un truc du genre: « Mmm. C’est bon, cette bière au maïs une fois qu’on a l’habitude. Bien meilleur que cette chicha qu’ils avaient au Pérou à l’époque. »

GRAVITY

Sandra Bullock dans Gravity
Sandra Bullock dans Gravity© Warner Bros

Le film qui vous a convaincu que la 3D peut être une plus-value, que Sandra Bullock ne fait vraiment pas ses cinquante ans et qui a lancé la carrière de Neil deGrasse Tyson – vous savez, l’astrophysicien qui a énuméré les erreurs dans Gravity pendant des semaines sur Twitter.

Entre-temps, on sait donc qu’il n’y a à peu près rien d’exact dans la trame de Gravity d’Alfonso Cuarón. Les débris spatiaux volaient dans le mauvais sens autour de la Terre, on ne rejoint pas l’ISS en réacteur dorsal et les satellites de communication décrivent de tout façon une orbite bien plus élevée autour de la Terre. Seulement, on persiste à prétendre que tout ça n’importe pas: Gravity voulait surtout être réaliste dans sa perception de l’espace et là le réalisateur a fait un sans-faute. Car c’est là la force de Gravity: le film qui vous montre pendant une heure et demie à quoi ressemble la vie d’un astronaute.

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OK, hormis cette petite chose.

Ce n’est pas qu’on veuille chicaner, vraiment on ne voulait même pas aborder le sujet.

Sandra Bullock aurait dû mettre un lange.

Vous vous souvenez de cette scène où Bullock enlève sa combinaison spatiale? Ce moment où vous avez pensé que la gravité n’affecte pas certains quinquagénaires? Bien. D’après la NASA, tous les astronautes doivent porter un Maximum Absorption Garment à capacité 900 cc, c’est-à-dire un lange spatial. Pour des raisons esthétiques, Cuaron a décidé de passer outre.

« In space, no one can hear you poop » est pourtant un bon slogan.

2001: A SPACE ODYSSEY

2001: A Space Odyssey de Stanley Kubrick
2001: A Space Odyssey de Stanley Kubrick© DR

D’ailleurs, ne vous laissez pas duper: avec Gravity, Interstellar et The Martian, on assiste effectivement à une hausse de films d’espace scientifiquement précis, mais le genre existe depuis longtemps. Les amateurs du genre affectionnent les classiques tels que Countdown (1967) de Robert Altman, The Right Stuff (1983) de Philip Kaufman et la mise en scène du débarquement sur la Lune de Stanley Kubrick (1969).

Cependant, le parrain du genre reste l’autre projet spatial de Kubrick, 2001: A Space Odyssey (1968), un film si réaliste que 33 ans plus tard, les scientifiques n’avaient toujours pas trouvé d’erreurs. Des vaisseaux spatiaux qui tournoient au bruit de respiration dans les combinaisons: tous les détails collent. Un instant, on aurait dit que le liquide dans la paille de Floyd baissait à cause la pesanteur, mais une étude plus poussée a démontré que c’était effectivement dû à la dépression dans l’emballage. Ça au moins, c’est du réalisme spatial, Alfonso.

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Même si entre-temps il y a ce détail qui n’est pas tout à fait exact.

Vous savez. Ce « 2001 » dans le titre.

Peut-être que nous avons vécu 2001 différemment, mais d’après nos souvenirs, cette année-là on a moins voyagé vers Jupiter en vaisseau spatial qu’on a pris le chemin de la Côte en Fiat Multipla. 2001 n’était pas non plus l’année d’HAL 9000, mais celle de l’invention du SlugBot qui détecte les escargots dans votre jardin. Parfois. Et c’est peut-être nous, mais musicalement on associe 2001 moins à Richard Strauss qu’à Wheatus. Teenage Dirtbag de Wheatus, pour être précis.

Ce qui mène à une seule conclusion.

Le prophète Kubrick ne nous a pas abandonnés.

C’est nous qui l’avons abandonné.

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