On a visité l’expo Star Wars Identités

Star Wars Identités, un concept fort qui met en avant le visiteur ainsi qu'une réelle dimension éducative. © LUCASFILM LTÉE ET MC
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Objets rares et hyperinteractivité sont au menu de Star Wars Identités, qui débarque à Bruxelles à partir de ce 2 avril. Une expo dont vous êtes le héros.

Quand Star Wars s’expose, le spectacle est toujours au rendez-vous! Encore faut-il à chaque fois trouver une idée forte, de celles propres à dynamiser ce qui ne veut pas se contenter d’être une suite de vitrines remplies d’objets venus d’une galaxie très lointaine… Star Wars Identités s’est donc trouvé un concept fort, inscrit dans son titre et développé grâce aux technologies dernier cri en matière d’interactivité. On doit aux Québécois de la société X3 cette idée qui a enthousiasmé George Lucas et son équipe au moment de choisir le partenaire du nouveau projet d’expo lancé voici cinq ans. « Chez Lucas Films, quand vous participez à un appel d’offres, le cahier des charges est extraordinairement précis », souligne Sophie Debiens, conceptrice et directrice de l’événement créé à Montréal en 2012, et qui s’installe aujourd’hui à Bruxelles après plusieurs étapes dans le monde entier. « Il était entre autres demandé que l’expo possède une dimension éducative, et mette le visiteur à l’avant-plan. »

Bracelet magique

Dès l’entrée de Star Wars Identités, le visiteur se voit donc remettre un audio-guide léger, muni d’une oreillette, et surtout placer au poignet un bracelet noir aussi discret que spectaculairement efficace. Un accessoire censé lui permettre de se forger sa propre identité dans l’univers créé par Lucas. En commençant par se choisir une espèce (humaine bien sûr mais aussi wookiee, Ewok ou Zabrak), un sexe et une planète d’origine. Pour ce faire, il lui suffira de poser le poignet et donc le bracelet sur une borne de contact lumineuse prévue à cet effet. Les organisateurs en ont prévu beaucoup, suffisamment pour qu’aucun embouteillage ne se crée, assurant à la visite une indispensable fluidité.

Le bracelet mis au poignet permet une vraie interactivité.
Le bracelet mis au poignet permet une vraie interactivité.© LUCASFILM LTÉE ET MC

Vous évoluez ainsi tranquillement de vitrine en vitrine tout en vous arrêtant aux points d’interactivité où sont abordés par l’image et le son les thèmes liés à celui de l’identité: notamment l’origine familiale, le patrimoine génétique, l’éducation, la culture, les mentors (le préféré est R2D2, et pas Yoda comme attendu!), les amis, les valeurs, les expériences positives et négatives qui vont marquer la personnalité de la créature choisie pour vous représenter. A chacun de ces points, vous êtes invité à opérer un ou plusieurs choix, à l’aide du bracelet magique. Au terme du parcours, vous découvrez (sur écran géant) le visage et les caractéristiques physiques mais surtout morales de votre avatar. Sa fiche vous sera immédiatement envoyée par e-mail…

« La partie interactive de l’exposition, où s’accumulent les composants formant notre identité, a été développée en accord avec un comité de scientifiques, révèle Sophie Debiens. Ce sont eux qui ont poussé à la division du parcours en trois grandes parties: les origines, les influences et les choix. Sans oublier le hasard qui a aussi parfois son impact… » En presque cinq ans de tribulations, l’expo a vu défiler de très nombreux visiteurs, dont les fiches ont pu être compilées pour en tirer certains enseignements. Le principal étant lié au moment crucial où il est demandé de choisir entre deux voies: soit aller vers le côté lumineux de la Force, soit lui préférer le côté obscur.

Si les adultes optent plus pour la lumièrre, les enfants préfèrent le voisinage du mal

Si au total près de 70% d’entre nous choisissent la lumière, une proportion considérable d’enfants se laisse tenter par le voisinage du mal. « Les psychologues expliquent que les plus jeunes y voient une manière ludique d’essayer ce qui leur semble éloigné d’eux-mêmes, alors que les adultes vont avoir plutôt tendance à opérer des choix en rapport avec l’image qu’ils ont d’eux-mêmes dans la réalité », commente la directrice de l’exposition, qui ne peut résister à « se poser la question des choix que pourrait faire un Donald Trump s’il visitait l’expo… ». Et d’éclater de rire avant de célébrer l’aspect à ses yeux le plus positif de Star Wars Identités: « Le concept permet de souligner une des dimensions particulières du succès si durable de la saga: la richesse de ses personnages et l’attachement qu’ils suscitent chez les spectateurs. Il reflète aussi la philosophie de cet univers, qui accueille les différences et fait des alliés d’êtres tous dissemblables par leur origine comme par leur apparence ou leur caractère. Tout le monde a sa place dans Star Wars, personne n’est exclu! »

L’enthousiasme de la Québécoise en ferait presque oublier certains bémols, comme la récente modification de l’affiche du Réveil de la Force pour sa sortie en Chine. L’acteur John Boyega, en bonne place sur l’image originale, se voyant considérablement rapetissé sur la version chinoise, suite, diront certains, à des craintes d’impopularité liée à la couleur de sa peau…

20% des pièces exposées proviennent directement des archives de Lucas Films.
20% des pièces exposées proviennent directement des archives de Lucas Films.© LUCASFILM LTÉE ET MC

Trésors du passé

Pour les fans fidèles de la saga, et globalement pour les visiteurs adultes, l’aspect le plus traditionnel de l’expo représente malgré tout son enjeu majeur. Qu’allons-nous y découvrir de rare et d’inédit? Quels trésors les archives de Lucas Films ont-elles cette fois accepté de prêter? Pas la Death Star, cette Etoile de la mort sphérique et maléfique que tout amateur rêve de voir en vrai. « Elle est bien trop fragile pour pouvoir voyager », doit constater Sophie Debiens, qui a eu par ailleurs un accès privilégié aux archives, et a pu en extraire à peu près 20% des pièces, amenant au public quelques vestiges aux allures d’événement. Ainsi ce casque rescapé de l’épisode IV (en fait le tout premier film de la saga, réalisé en 1977 par Lucas lui-même). Et surtout les « restes » de créatures mythiques sauvées de la destruction qui envoya dans l’oubli tant de leurs congénères.

La tête de Ponda Baba est un des rares artefacts pouvant encore témoigner de la très fameuse séquence de la cantina de Mos Eisley dans l’épisode IV, adorée des fans pour son bestiaire extraterrestre génial et foisonnant (Ponda Baba étant l’alien qui menace Luke Skywalker et se fait trancher le bras par le sabre laser d’Obi-Wan Kenobi). Et que dire de l’émotion ressentie à croiser le regard de Jabba le Hutt? Il ne reste presque plus rien de l’énorme marionnette (manipulée par cinq opérateurs simultanément), essentiellement fabriquée en latex, une matière qui se dégrade et s’effrite jusqu’à tomber littéralement en poussière. Les globes oculaires et les paupières de Jabba sont sans doute le clou de l’exposition, qui nous regardent autant que nous les regardons…

Le « pod racer » d’Annakin Skywalker est le seul élément manquant par rapport à la création de l’expo (le véhicule étant trop encombrant pour pouvoir entrer dans les espaces devant l’accueillir…). Trois objets du Réveil de la Force (sorti en 2015) ont par contre été ajoutés à l’ensemble à son arrivée en Europe – à Paris en premier – mais sans briser l’impression que les origines de la saga sont privilégiées par Star Wars Identités. La nostalgie étant, pour l’aventure quadragénaire de La Guerre des étoiles, toujours ce qu’elle était. Tout en préparant l’avenir puisqu’une nouvelle trilogie (la quatrième) a d’ores et déjà été annoncée pour 2020 et au-delà, et ce avant même que l’actuelle trilogie ne s’achève le 20 décembre 2019 avec la sortie de l’épisode IX… Lors de notre visite de l’exposition à Utrecht, la ville étape précédant immédiatement Bruxelles, beaucoup de jeunes et même très jeunes visiteurs attestaient du constant renouvellement générationnel d’un public potentiel de plus en plus large, le gigantesque marché chinois étant désormais par exemple ouvert à la saga made in Hollywood.

L'exposition revient aux origines de la saga jusqu'au Réveil de la Force, sorti en 2015.
L’exposition revient aux origines de la saga jusqu’au Réveil de la Force, sorti en 2015.© LUCASFILM LTÉE ET MC

Du sable dans les rouages?

George Lucas lui-même a profité de son passage à Montréal pour le Grand Prix de formule 1 (c’est un grand amateur de course automobile) pour faire un petit tour à l’expo, en toute discrétion. Aujourd’hui, le créateur de la saga n’en est plus le propriétaire, la maison Walt Disney a racheté son empire dans un de ces deals milliardaires (un peu plus de 4 milliards de dollars) dont la firme aux oreilles de Mickey s’est fait une spécialité avec, déjà dans son escarcelle, Pixar et Marvel. Les partenaires habitués aux déjà fortes exigences de Lucas Films avouent plus ou moins ouvertement que la prise de pouvoir de Disney ne facilite pas les choses. Il se dit au contraire que du sable (de la planète Tatooine?) se glisse dans les rouages de collaborations développées depuis des années avec le vieux George – 74 ans en mai – et son équipe dévouée. D’aucuns craignent même à l’avenir, et sur le plan créatif, une « disneyification » de l’univers Star Wars, comparable à celle qui semble avoir touché Coco, le nouveau film de Pixar…

L’avenir aiguisera ou calmera ces soupçons. Peut-être déjà le 23 mai avec la sortie de Solo: A Star Wars Story, nouveau « spin off » venant après le très réussi Rogue One de 2016 et qui s’intéresse au personnage de Han Solo, à sa rencontre avec celui qui sera son copilote, complice et inséparable ami Chewbacca. L’un et l’autre figurant en bonne place dans les premières vitrines accueillant les visiteurs de Star Wars Identités.

Star Wars Identités: à partir du 2 avril à Brussels Expo, Palais 2, à Bruxelles. www.starwarsidentities.be

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