Critique

Mostra de Venise, le film du jour (9): On the Milky Road, d’Emir Kusturica

Sloboda Micalovic, Emir Kusturica et Monica Bellucci. © AFP/Tiziana Fabi
Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Voilà un bon moment que l’on était sans nouvelles cinématographiques d’Emir Kusturica, aux abonnés absents depuis le documentaire qu’il consacrait à Diego Maradona en 2008.

Présenté en compétition à Venise, On the Milky Road consacre donc le retour aux affaires du réalisateur serbe, là-même où Te souviens-tu de Dolly Bell? obtenait le Lion d’or de la première oeuvre en 1981. Sans avoir la fulgurance des Arizona Dream et autre Underground, ce nouveau film démontre que le cinéaste, deux fois Palme d’or à Cannes, n’a pas perdu la main. Kusturica y renoue avec l’essence de son cinéma, situant dans un village reculé de la ligne de front de la guerre des Balkans l’histoire de Kosta (le réalisateur lui-même), un homme que les traumatismes du passé ont laissé comme absent aux événements, lui qui traverse chaque jour les lignes à dos d’âne pour livrer du lait, échappant comme par enchantement aux tirs nourris battant la campagne. Et qui semble promis à un bonheur tranquille avec la jolie Milena (Sloboda Micalovic), lorsque débarque une belle Italienne (Monica Bellucci) pas épargnée par la vie, qu’un arrangement destine au frère de cette dernière, tireur d’élite dont le retour est imminent.

Emir Kusturica présente On the Milky Road comme un conte de fées moderne, et il y a de cela dans cette histoire d’amour en temps de guerre adoptant, devant sa caméra, des contours résolument extravagants. S’il ne se fait faute de souligner l’absurdité du conflit, le réalisateur laisse surtout son imagination vagabonder, pour signer une fantaisie baroque où la liberté et la folie entament, dès une ouverture d’anthologie, un pas de tango échevelé. La suite, en forme de défi exubérant et tonitruant au réalisme, est du pur Kusturica; un monde où les faucons pèlerins dodelinent au rythme de la musique, les serpents boivent du lait et les humains s’élèvent dans les airs, parmi d’autres échappées belles. On adhère sans réserve, même si le film perd en souffle sur la distance, le réalisateur, tout à son plaisir, ne semblant pas trop savoir comment en finir…

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content