Mort du réalisateur noir John Singleton, inspiration d’une génération

John Singleton © Reuters
FocusVif.be Rédaction en ligne

Le réalisateur américain John Singleton, dont le film Boyz n the Hood (1991) est l’un des symboles de la nouvelle vague du cinéma afro-américain, est mort lundi, ont indiqué les médias américains, citant un communiqué de sa famille.

Ses proches avaient demandé l’arrêt des soins, en accord avec le personnel médical, le metteur en scène de 51 ans étant plongé dans le coma, dans un état désespéré. Il avait été victime d’une défaillance cardiaque le 17 avril.

« Repose en paix, John Singleton, tellement triste d’apprendre la nouvelle », a tweeté le réalisateur américain Jordan Peele. « John était un artiste courageux et une véritable inspiration. Sa vision a tout changé. »

John Singleton était le premier réalisateur noir nommé à l’Oscar de la mise en scène, en 1992, pour Boyz n the Hood, un sombre tableau de l’engrenage des gangs à Los Angeles, de la violence sous-jacente de nombreux quartiers noirs de la ville et de la répression aveugle de la police. « Le plus jeune réalisateur jamais nommé » pour l’Oscar de la mise en scène, a rappelé l’Académie des arts et des sciences, chargée de décerner ces prestigieuses récompenses, « et une inspiration pour nous tous. John Singleton, vous allez beaucoup nous manquer. » Egalement en lice dans la catégorie du meilleur scénario, Singleton était reparti bredouille de la cérémonie et n’a plus été nommé par la suite.

« Tu vas nous manquer », a aussi écrit, sur Instagram, le réalisateur Spike Lee, l’autre figure incontournable de cette nouvelle vague afro-américaine du tournant des années 1990, qui a salué sa « passion » et son « coeur ». Depuis leur première rencontre, alors que Singleton était étudiant en cinéma à l’université californienne de USC, les deux hommes étaient restés proches, a rappelé Spike Lee, « nous encourageant l’un l’autre dans une industrie où nous n’étions pas censés réussir ».

Les réalisateurs John Carpenter et Ron Howard ont salué son talent, ce dernier soulignant que « ses créations et sa voix de narrateur vont nous manquer ». « Il a tracé la voie à tellement de jeunes metteurs en scène, restant toujours fidèle à ce qu’il était et à d’où il venait », a relevé l’acteur Samuel L. Jackson.

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Une voix nouvelle

Boyz n the Hood, tourné à 22 ans seulement, avait été un choc culturel et une étape majeure dans l’histoire du cinéma afro-américain avec sa distribution comprenant Angela Bassett, Laurence Fishburne, Cuba Gooding Jr et le rappeur Ice Cube, dont c’était le premier rôle. Le film aura aussi marqué par sa bande originale, qui a contribué à populariser encore un peu plus le rap, avec Ice Cube, 2 Live Crew et Too $hort. « Personne ne faisait de film sur ce que nous vivions à Los Angeles », expliquera John Singleton, lui-même originaire de la cité des anges, pour décrire ce qui l’avait poussé à lancer le projet. Quelques films avaient déjà tenté de dépeindre cet univers, notamment Colors (1988) de Dennis Hopper, mais avec des points de vue très extérieurs.

John Singleton a attribué l’écho favorable reçu très tôt par Boyz n the Hood à son passage à Cannes, dans la section « Un certain regard », où il avait été ovationné à l’issue de la projection. Par la suite, il a réalisé 2 Fast 2 Furious (2003), son plus gros succès commercial, et un remake de Shaft (2000). A l’instar de Boyz n the Hood, il aura réalisé plusieurs drames sociaux avec, en toile de fond, la condition des Noirs aux Etats-Unis, principalement Poetic Justice (1993), Fièvre à Columbus University (1995) ou Quatre frères (2005). Dans tous ces films, il aura confié à des acteurs noirs des rôles de premier plan et invité devant la caméra une série de rappeurs, d’Ice Cube à Snoop Dogg, en passant par 2Pac, Q-Tip, Tone Loc, André 3000 ou Busta Rhymes.

L’actrice Regina King, récent Oscar du meilleur second rôle et qui fut de l’aventure Boyz n the Hood, a rendu hommage à « l’un des plus grands » dans son métier.

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