Marc Zinga: « À Bruxelles, j’ai eu la chance de ne jamais vraiment souffrir de ma différence »

Marc Zinga © Getty Images/Richard Schroeder
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Aujourd’hui tête d’affiche de Bienvenue à Marly-Gomont, indolente comédie populaire jouant le choc des contraires, le Bruxellois d’origine congolaise n’arrête pas de tourner. Itinéraire d’un enfant gâté par les dieux du cinéma.

Dire de la carrière de Marc Zinga qu’elle a explosé au cours de ces deux dernières années relève de l’euphémisme. Révélé sur grand écran en footballeur africain sacrifié sur l’autel du business dans Les Rayures du zèbre de Benoît Mariage en 2014, il a depuis été tour à tour rappeur chez Abd Al Malik (Qu’Allah bénisse la France), agent de sécurité chez Pierre Jolivet (Jamais de la vie), porte-parole de méchant de James Bond chez Sam Mendes (Spectre) et personne relais chez Jacques Audiard (Dheepan). Excusez du peu. Avant d’apparaître en petite frappe menaçante chez les frères Dardenne (La Fille inconnue), il évolue aujourd’hui en médecin de campagne déboulant avec femme et enfants dans un petit village de la France profonde des années 70 fort peu préparé à accueillir une smala black en son sein dans Bienvenue à Marly-Gomont, le deuxième long métrage de Julien Rambaldi (Les Meilleurs amis du monde).

Librement inspirée de l’histoire de la famille du rappeur et humoriste Kamini, par ailleurs co-scénariste du film, cette comédie populo à la morale simpliste et aux intentions surlignées vaut moins pour ses qualités intrinsèques que pour les parallèles qu’elle suggère avec le parcours de Zinga lui-même, oiseau noir au pays des Blancs débarqué depuis Likasi, ville du Haut-Katanga dans ce qu’on appelait encore le Zaïre, à Bruxelles dès la fin des années 80, alors qu’il a à peine cinq ans. « Je suis issu d’une famille qui était très modeste économiquement, mais également très résolue à s’intégrer. Un peu comme dans le film, en un sens, oui. À Bruxelles, j’ai eu la chance de ne jamais vraiment souffrir de ma différence, de ne pas subir de manifestations de discrimination. »

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Le Soleil a rendez-vous avec la Lune

L’épiphanie arrive dès l’école primaire quand, au Collège Saint-Hubert d’Auderghem, un instituteur mélomane se pique d’éveiller sa marmaille au talent éclatant du Fou chantant. « Ce professeur avait pour habitude de nous sensibiliser à la musique et à l’art en général. Un jour, il nous a fait écouter Le Soleil et la Lune de Trenet, et il swinguait dans la classe. J’avais 6 ans, et à cet instant quelque chose s’est gravé en moi: je voulais être capable d’émouvoir autant que cela. Quatre ans plus tard, dans cette même école, un projet spécifique a définitivement entériné cette envie: une comédie musicale montée dans des conditions très pros à l’initiative d’un autre professeur, Philippe Van Laethem, à qui je dois beaucoup. C’est la première fois que je performais: mon désir de jouer s’est embrasé. Et mes parents ont compris qu’il y aurait peut-être lieu de me soutenir dans cette voie. »

Après ses humanités à Boitsfort, durant lesquelles il prend des cours de diction et d’art dramatique, Zinga étudie d’abord la réalisation à l’IAD puis entre alors seulement au Conservatoire. « J’avais envie d’apprendre à réaliser parce que je voulais être autonome. Inconsciemment, j’avais déjà cette idée que ce qui m’intéresse par-dessus tout c’est de raconter des histoires. En tant qu’acteur, à travers les personnages que j’incarne, mais pas seulement. » Chanteur dix ans durant au sein du collectif ultra funky The Peas Project, il signera ainsi en 2013 un premier court métrage teinté d’ironie, Grand garçon, avec Laurent Capelluto dans le rôle principal. Mais c’est bien en tant que comédien de théâtre et de cinéma qu’il s’épanouit essentiellement. Même si la véritable rampe de lancement, c’est le petit écran qui la lui offre, dès 2011, avec Mister Bob, un téléfilm Canal de Thomas Vincent où il incarne, ça ne s’invente pas, le général Mobutu. « C’est le premier projet d’envergure qui m’a permis de mettre un pied dans le système, et le point de départ de beaucoup de choses. »

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À l’aise dans tous les genres, dans les starting-blocks pour tous les types de rôles, le jeune trentenaire cinéphile -« Mon plaisir d’acteur suit toujours mon plaisir de spectateur« – semble ne devoir jamais être à court de plans. Sont ainsi présentement sur le feu: un projet en germe de l’autre côté de l’Atlantique, une nouvelle collaboration avec son mentor et frère de coeur Abd Al Malik -« Ce mec est une profusion d’amour, il rayonne littéralement« – et une fresque populaire, entre action et romance, sur fond de Seconde Guerre mondiale: « On s’apprête à commencer le tournage avec Denis Podalydès et Alexandra Lamy, notamment. Le film s’appelle Nos résistants et fait le portrait d’Addi Bâ, un maquisard guinéen qui a fondé l’un des premiers réseaux de résistance vosgiens. » Sur tous les fronts, donc.

BIENVENUE À MARLY-GOMONT. DE JULIEN RAMBALDI. AVEC MARC ZINGA, AÏSSA MAÏGA, RUFUS. 1H36. SORTIE: 08/06. **

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