Critique

[Le film de la semaine] Le Garçon et la bête, activités parallèles

Le Garçon et la bête de Mamoru Hosoda. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

ANIMATION | À la croisée de deux traditions, le Japonais Mamoru Hosoda signe un dessin animé aussi mouvementé que beau.

Le terme d’héritier va bien à Mamoru Hosoda, 48 ans depuis septembre dernier. Le natif de Kamiichi s’est imposé depuis quelques années comme la nouvelle star d’une animation nippone à laquelle il a déjà offert plusieurs sommets: La Traversée du temps (2006), Summer Wars (2009) et ce petit chef-d’oeuvre qu’est Les Enfants loups, Ame et Yuki (2012). Son nouveau film, Le Garçon et la bête, le voit confirmer ses qualités sur un registre mêlant deux traditions fortes au sein du dessin animé made in Japan: la voie fantastico-philosophico-poétique d’un Miyazaki et celle plus populaire des films de castagne et pouvoirs spéciaux. Ironique, quand on sait que le réalisateur tenta d’intégrer le studio Ghibli à sa sortie de l’Université des Arts de Kanazawa… mais fut recalé! Hosoda trouva un accueil plus positif chez Toei Animation, où il put faire ses premiers pas en participant notamment à des séries comme Dragon Ball Z et Sailor Moon. Et quand, ayant signé ses débuts dans le long métrage avec Digimon, il fut approché par… Ghibli pour réaliser Le Château ambulant, il préféra (suite à des divergences créatives) s’en aller mettre en scène un film dérivé de la saga One Piece!

Passage et apprentissage

Les échos de cette période dédiée à l’univers des adaptations de mangas bagarreurs se font sentir dans Le Garçon et la Bête, mélangés avec un sujet fort « miyazakien » de rapports entre humains et animaux (1). Le héros du film se prénomme Ren et il a 9 ans quand le récit commence. Sa mère vient de mourir, son père (divorcé) est on ne sait où, le gamin se révolte et fuit ses tuteurs légaux, la rage au coeur. Dans un monde parallèle, peuplé de bêtes, la retraite annoncée du souverain provoque une forte rivalité entre deux prétendants à sa succession. Le jeune humain passera d’un univers à l’autre, et se trouvera impliqué dans un conflit hors norme -l’occasion de quelques leçons de vie sur fond d’échanges improbables entre deux sociétés, un père d’adoption et un géniteur retrouvé… Sur la forme, Le Garçon et la bête déploie une imagerie superbe, volontiers contrastée. On y joue du bâton et des poings, du sabre et de transformations magiques, on plonge aussi dans une poésie urbaine où une baleine peut soudain apparaître sous le macadam de Shibuya, le quartier le plus animé de Tokyo, où s’ouvre le « passage » menant d’un monde à l’autre.

(1) UNE SENSIBILITÉ LIÉE AUX CROYANCES SHINTOÏSTES (ANIMISME ET POLYTHÉISME) AYANT PRÉCÉDÉ AU JAPON L’AVÈNEMENT D’UN BOUDDHISME IMPORTÉ DE CHINE.

DE MAMORU HOSODA. 1H58. SORTIE: 16/03.

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