La comédienne Michèle Morgan s’éteint à 96 ans

Jean Gabin et Michèle Morgan, dans Le Quai des brumes. © Wikicommons
FocusVif.be Rédaction en ligne

La comédienne Michèle Morgan, l’une des plus grandes actrices françaises du XXe siècle, dont les yeux bleu vert magnétique et la séduction un peu distante ont fait rêver des générations, est décédée mardi à 96 ans.

« Les plus beaux yeux du cinéma se sont fermés définitivement ce matin », a annoncé sa famille.

Véritable star, Michèle Morgan a été la toute première actrice à remporter le Grand prix d’interprétation féminine au festival de Cannes en 1946, pour sa composition d’une jeune femme aveugle dans La Symphonie Pastorale de Jean Delannoy.

Alors au sommet de sa gloire, elle incarnait la femme française distinguée, le contraire d’une scandaleuse. Elle fut l’une des très grandes vedettes du cinéma hexagonal entre 1940 et 1960 avant de s’éloigner lentement des plateaux de tournage et de trouver de la sérénité dans la peinture.

Née le 29 février 1920, à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, elle voyait dans cette date un signe du destin: « ce privilège de vieillir quatre fois moins vite que les autres est le premier de la longue série de coups de chance que j’ai eus tout au long de mon existence ».

Elle acquiert la célébrité dès l’âge de 18 ans grâce à Quai des brumes (1938), dans lequel elle va fasciner plusieurs générations de spectateurs. C’est dans ce film de Marcel Carné que Jean Gabin lui murmure: « T’as d’beaux yeux, tu sais… » et qu’elle lui répond: « Embrassez-moi ».

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La mémoire collective garde d’elle sa classe, sa blondeur et, surtout, l’extraordinaire intensité de son regard clair. Elle en hérita le surnom, usé jusqu’à la corde, « d’actrice aux plus beaux yeux du monde ».

« Ca m’agace un peu qu’on le répète trop », disait-elle. Pourtant ses mémoires (1977) s’intitulent Avec ses yeux-là

Michèle Morgan a tourné quelque 70 films dont certains comme Remorques encore avec Gabin (1939), Les Grandes manoeuvres avec Gérard Philippe (1955) sont devenus des classiques.

« Folles vieillissantes »

Pleine d’humour, elle souriait quand on l’appelait le « frigidaire ambulant » ou la « grande bourgeoise ». « Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer les femmes sexy. Il faut croire que mon charme ne se trouvait pas dans mes fesses », relevait-elle.

« De cette image est venue ma difficulté à accepter des scénarios de folles vieillissantes qui sombrent dans l’alcool ou l’hystérie sous prétexte qu’elles n’ont plus l’âge de jouer les jeunes premières: il ne faut jamais casser l’image que les gens ont de vous », ajoutait-elle, admettant au passage n’avoir pas tourné que des chefs d’oeuvre.

Passionnée toute gamine par le cinéma, elle débute en 1937 dans Gribouille de Marc Allégret, choisissant alors un nom d’actrice qu’« on peut prononcer dans toutes les langues » (elle est née Simone Roussel).

A Hollywood où elle poursuit sa carrière, elle manque de peu de tourner dans Casablanca mais épouse en cette année 1942 le comédien américain Bill Marshall dont elle a un fils, Mike (décédé en 2005).

Elle tourne aux Etats-Unis quatre films – dont Passage to Marseille avec Humphrey Bogart – qui n’ajoutent pas grand-chose à sa gloire.

Après le succès de La Symphonie pastorale, elle règne sur un cinéma français, privé alors d’inventions et d’audace. Elle joue avec les jeunes premiers de l’époque: Jean Marais, Gérard Philippe et Henri Vidal, qu’elle épouse en secondes noces.

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Sa carrière connaît une éclipse quand déferle la Nouvelle Vague. On la voit néanmoins dans Landru de Claude Chabrol en 1963 et Le Chat et la souris de Claude Lelouch en 1975.

Après la mort (pour abus de drogue) d’Henri Vidal, elle devient la compagne du metteur en scène Gérard Oury, décédé en 2006.

Elle monte pour la première fois sur les planches en 1978. En 1993, elle retrouve Jean Marais dans une pièce de Jean Cocteau, Les Monstres sacrés. Entre-temps, elle joue également dans de nombreux téléfilms.

Michèle Morgan a consacré la dernière étape de sa vie à la peinture: « J’y trouve du calme. Dans le fond, j’ai toujours aimé être seule. Et je n’ai jamais été aussi heureuse qu’avec ma peinture. »

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