[L’album de la semaine] Baroness – Purple

Baroness © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

MÉTAL | Après avoir frôlé un accident de la route, les métalleux de Baroness effectuent un retour éclatant. Au programme, riffs qui tachent et mélodies triomphales.

A priori, rien d’anormal. Jusqu’à son titre, le nouvel album des Américains de Baroness semble confirmer les habitudes: après Red (2007), Blue (2009), puis le double Yellow & Green (2012), Purple s’inscrit dans la lignée, chromatique, de ses prédécesseurs. Impossible pourtant de faire comme si rien ne s’était passé. L’histoire est connue: en 2012, juste après la sortie de leur double album, Baroness est en tournée en Angleterre, du côté de Bath, quand leur bus est victime d’un grave accident. Pris dans un violent orage, le véhicule percute le rail de sécurité avant de valser dans un ravin, dix mètres plus bas. Par miracle, tous les passagers s’en sortiront vivants. Mais pas indemnes. Hospitalisé pendant près de trois semaines, le chanteur John Baizley a failli perdre un bras et a passé des mois en revalidation. Le bassiste Matt Maggioni et le batteur Allen Bickle sont eux touchés aux vertèbres. Ils décideront d’arrêter l’aventure, posant du coup la question de l’existence-même de Baroness… Avec Pete Adams (guitare), Baizley a pourtant voulu continuer. Ils seront rapidement rejoints par deux nouveaux membres -Nick Jost (basse) et Sebastian Thomson (batterie)- prêts à relancer la machine. Baroness même pas mort! Mais de là à être vivant, capable de rebondir, vraiment? La réponse se trouve dans Purple, disque bouillonnant et euphorique.

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Couleur pourpre

Si Purple ne peut s’écouter sans être mis en perspective avec le chaos qui l’a précédé, il est aussi plus simplement un solide album de rock qui dépote. Le genre de disques qui n’ont finalement pas été légion en 2015. A l’inverse de Yellow & Green, double galette qui multipliait les essais et les pas de côté, Purple file droit, à l’image de Morningstar, morceau pétaradant ouvrant le disque. Tout est là: le riff stoner baveux, les roulements de batterie qui castagnent, ou le solo qui, comme le chant de Baizley, assume fièrement ses envolées lyriques. Juste derrière, Shock Me est un autre morceau de bravoure, irrésistible. Après deux albums produits par John Congleton (St-Vincent, Cloud Nothings…), Baroness a fait appel cette fois-ci à David Fridmann, connu pour son boulot sur les disques des Flaming Lips, Sleater-Kinney ou Mercury Rev. Il a notamment permis à Baroness de canaliser, sans les effacer, ses penchants pour une certaine « pompe » (Chlorine & Wine), voire ses dérives seventies (The Iron Bell). Avec ses mélodies solidement charpentées, Purple se pose ainsi à la fois comme l’album le plus abouti du groupe, et comme celui qui pourrait leur assurer le succès mainstream. Dans un genre qui, après avoir été immensément populaire, s’est peu à peu enfoncé dans ses clichés, Baroness réalimente ainsi la flamme. Sans forcément s’absoudre de tous les péchés métalleux. Mais en les incarnant avec une vigueur et une foi qui ne peuvent que forcer le respect.

DISTRIBUÉ PAR ABRAXAN HYMNS.

EN CONCERT LE 22/03, À L’ANCIENNE BELGIQUE, BRUXELLES.

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