Critique

In Time (Time out)

SCIENCE-FICTION | Andrew Niccol fustige les dérives capitalistes d’aujourd’hui dans un film de SF inégal aux allures de course contre la montre.

Etrange parcours que celui d’Andrew Niccol. En 1997, le Néo-Zélandais lance sa carrière cinématographique sur les chapeaux de roue en scénarisant et réalisant Gattaca, excellent petit film de SF à l’esthétique irréprochable. Puis, dans la foulée, écrit et produit The Truman Show (1998), avec le succès que l’on sait. Soit 2 coups de maître consécutifs auxquels succéderont pourtant une bonne douzaine d’années de vaches maigres durant lesquelles Niccol, s’il imagine en partie l’histoire du Terminal de Spielberg (2004), n’écrit, ne réalise et ne produit que 2 films, à l’intérêt fort relatif, pour ne pas dire inexistant: S1m0ne (2002), avec Al Pacino en cinéaste cabotin, et Lord of War (2005), avec Nicolas Cage en trafiquant d’armes cynique pris de logorrhée. Les débuts prometteurs semblent déjà loin.

N’empêche, à travers le miroir forcément grossissant de son cinéma, le Néo-Zélandais, parfois très maladroit dans ses intentions, a toujours eu le chic pour développer des univers résolument originaux, poussant toujours un cran plus loin les égarements bien réels de notre monde moderne (manipulations génétiques, téléréalité, montée du virtuel, mercantilisme aveugle) histoire d’en fustiger la profonde inanité.

Il n’en va pas autrement de In Time, premier film en 6 ans pour un Andrew Niccol cumulant à nouveau les casquettes de scénariste, réalisateur et producteur, et dont l’intrigue s’inscrit dans un contexte futuriste qui fait littéralement sienne la maxime voulant que « le temps, c’est de l’argent », puisque tout s’y monnaye en minutes, heures, jours, semaines, mois ou années. Hommes et femmes sont ainsi génétiquement programmés pour ne plus vieillir après 25 ans. Les uns et les autres se retrouvant flanqués d’un genre d’horloge sur l’avant-bras, où le temps qui leur reste s’affiche en permanence dans une écriture verdâtre à la Matrix. Et les riches de prétendre à une quasi-immortalité tandis que les pauvres sont contraints de vivre au jour le jour, leur labeur quotidien leur permettant à peine de s’acheter un sursis de quelques heures…

Contre la montre

Ainsi posé, l’univers de In Time se révèle excitant en diable. Découpée en Time Zones, cette hypothétique société de demain est en effet celle de toutes les inégalités. Et Andrew Niccol, fidèle à lui-même, de ne faire finalement rien d’autre que condamner, par la bande futuriste, les dérives capitalistes d’aujourd’hui. Dans un film dont les implications métaphysiques s’annoncent potentiellement vertigineuses.

Las, passée son exposition inspirée, In Time se résume bientôt peu ou prou à un film d’action bien bourrin, une sorte de Bonnie & Clyde bas du front à la sauce Robin Hood, son couple star s’évertuant à redistribuer aux pauvres le temps qu’ils volent aux riches. Tout au long d’une course contre la montre en mode survival fourmillant toutefois de trouvailles discrètes et de chouettes idées. Comme ce bras de fer d’un genre nouveau, à faire pâlir d’envie le Stallone d’Over The Top.

Inférieur à Gattaca, dont il serait en quelque sorte le frère bâtard, In Time n’en constitue ainsi pas moins un honorable divertissement, avec lequel, et selon l’expression consacrée, on en a pour son argent. Ou pour son temps, c’est selon.

Nicolas Clément

IN TIME, FILM DE SCIENCE FICTION D’ANDREW NICCOL. AVEC JUSTIN TIMBERLAKE, AMANDA SEYFRIED, CILLIAN MURPHY. 1 H 49. SORTIE: 23/11. ***

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