Festival de Deauville (4): Last action heroes

John McTiernan, avant la projection de Camp X-Ray à Deauville. © BELGAIMAGE/Charly Triballeau
Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

Soirée musclée lundi à Deauville avec l’hommage à l’immense John McTiernan et la projection hors compétition de Camp X-Ray, premier long métrage de Peter Sattler avec Kristen Stewart en G.I. Jane de Guantanamo sévèrement burnée.

C’est la toute bonne idée de cette 40e édition du Festival du Cinéma américain: un hommage à John McTiernan, immense cinéaste populaire qui durant plus de dix ans, de Predator (1987) au remake de The Thomas Crown Affair (1999), en passant par Die Hard (1988), The Hunt for Red October (1990) et autre Last Action Hero (1993), a régné en maître sur le film d’action US, bouleversant en profondeur les codes du genre et de sa technique d’avant l’époque du tout numérique. Tout juste revenu d’une année en enfer, le cinéaste a ainsi grimpé lundi soir sur la scène du fameux C.I.D., ému, certes, mais surtout singulièrement remonté -on le serait à moins, en effet: accusé d’avoir fait de fausses déclarations à un agent du FBI dans une sombre affaire d’écoutes téléphoniques, McTiernan est sorti de prison en février dernier après avoir passé 328 jours derrière les barreaux, emprisonné pour un délit qu’il clame toujours ne pas avoir commis, et pour une conduite qui, selon ses mots, « n’est tout simplement pas un délit« . D’humeur électrique, et même carrément vénère, il rencontrait quelques heures plus tôt la presse dans un salon de la Villa Cartier. À l’attention d’une consoeur qui lui demandait son état d’esprit du moment, il a ainsi eu ses mots, définitifs: « J’ai toujours été en colère. » Ne se privant pas, dans la foulée, pour cracher sur les élites US, traiter l’Amérique d’État-prison et Hollywood de supermarché avec de grandes étagères vides. Dont acte.

D’un enfer carcéral à un autre: à l’hommage à McTiernan succédait dans la soirée la projection hors compétition de Camp X-Ray, le premier film de Peter Sattler. S’ouvrant sur une image du World Trade Center en feu, le film s’intéresse à une jeune femme (Kristen Stewart) qui s’engage dans l’armée pour s’ouvrir à de nouveaux horizons, et se retrouve à surveiller des détenus djihadistes à Guantanamo, où elle se surprend à tisser une relation privilégiée avec l’un d’entre eux (Peyman Moaadi, vu notamment dansUne Séparation d’Asghar Farhadi). Sur un sujet a priori hautement casse-gueule, le jeune cinéaste signe un premier long métrage physique, nuancé et complexe, faisant le pari osé d’une oeuvre apolitique, à hauteur d’hommes. Même si le film, trop bavard et appuyé dans sa dernière partie, finit bizarrement par pécher par excès de bons sentiments. Après le Sils Maria d’Olivier Assayas, même si dans un registre radicalement différent, Kristen Stewart (Twilight) y réaffirme en tout cas de fort convaincante façon qu’elle est bien plus qu’une péronnelle essentiellement intéressée par les bellâtres torturés, ténébreux et, si possible, torses nus.

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