Critique

[Critique ciné] Tully, une franche réussite

Jean-François Pluijgers
Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

COMEDIE DRAMATIQUE | Jason Reitman signe une comédie douce-amère autour de la dépression post-partum et du temps qui passe. Avec une impeccable Charlize Theron.

Nouveau film de Jason Reitman, Tully consacre les retrouvailles du cinéaste avec la scénariste Diablo Cody, une association ayant largement fait ses preuves, qu’il s’agisse d’explorer la grossesse d’une adolescente dans Juno ou encore la peur de vieillir dans Young Adult, des films portés par un esprit et un mordant appréciables . Ces deux lignes narratives, Tully en opère en quelque sorte la synthèse, à travers le personnage de Marlo (Charlize Theron, payant généreusement de sa personne), mère dévouée au-delà du raisonnable, engagée dans une vie de famille heureuse en apparence, mais assortie de ses routines épuisantes auxquelles le père, Drew (Ron Livingston), se soustrait le plus souvent sur sa console de jeux. Une femme objectivement au bout du rouleau au moment d’accoucher d’un troisième enfant. La naissance venue, son frère Craig (Mark Duplass) lui propose une solution providentielle sous la forme d’une nounou de nuit, à même d’alléger son quotidien et de l’aider à s’arracher à cette spirale infernale qui semble l’aspirer inexorablement. Et Tully (Mackenzie Davis) d’entrer dans sa vie, jeune femme pleine de charme, de ressources et d’énergie, dont l’arrivée va en effet changer l’existence de Marlo du tout au tout. Comme si un train-train étouffant pouvait se transformer en conte de fées…

[Critique ciné] Tully, une franche réussite

Nostalgie de la jeunesse

[Critique ciné] Tully, une franche réussite

Film étonnant, Tully vient joliment confirmer l’aptitude du tandem Cody-Reitman à explorer des sujets graves avec acuité mais aussi la plus stimulante des légèretés. Ainsi, en l’occurrence, de la dépression post-partum, au coeur d’un propos où la chronique réaliste et crue -Charlize Theron ne laisse pas d’impressionner dans le rôle de cette femme n’étant plus que l’ombre d’elle-même- est assaisonnée de traits d’humour bien sentis, soutenus par des dialogues affûtés. Mieux même, porté par un rythme enlevé, Tully ne s’arrête pas au sujet de la maternité, et explore au passage la (non-)dynamique familiale et l’usure à laquelle la résistance est malaisée, mais aussi la fuite insensible du temps et la nostalgie de la jeunesse… Laquelle trouve devant la caméra de Reitman une expression mélancolique, c’est bien le moins, mais aussi lumineuse. Finement observée, impeccablement interprétée par son imparable duo de comédiennes, refusant de verser dans une facilité lénifiante, il y a là une comédie douce-amère parfaitement maîtrisée, non sans réserver aussi son lot de surprises. Soit, au final, un film bluffant, alliage d’audace, d’émotion et de justesse, comme le cinéma indépendant américain n’en produit plus que trop rarement. Une franche réussite…

Tully . Comédie dramatique De Jason Reitman. Avec Charlize Theron, Mackenzie Davis, Ron Livingston. 1 h 36. Sortie: 11/07. ***(*)

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content