Critique

[Critique ciné] Shaun le mouton: La Ferme contre-attaque, rencontres du 3e type

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Nicolas Clément
Nicolas Clément Journaliste cinéma

ANIMATION | Nouvelle aventure au long cours pour le mouton futé des studios Aardman. Sympathique, sans jamais être indispensable.

Apparu en 1995 aux côtés de Wallace et Gromit dans le court métrage culte A Close Shave, avant de faire l’objet d’une série à succès sur la BBC près d’une décennie durant, Shaun le mouton était passé au format XXL avec beaucoup de réussite et d’esprit il y a quatre ans déjà. L’atterrissage d’une suite sur les grands écrans ne faisait dès lors guère de doute et c’est désormais chose faite avec ce huitième long métrage estampillé Aardman, nouvelle bébête en pâte à modeler et stop motion (animation image par image) qui a moins les pieds dans la boue de la campagne anglaise que la tête dans les étoiles.

« Objectif laine!« , annonce ainsi le pitch rigolard de ce deuxième volet cinématographique au prétexte sans doute un peu facile: un vaisseau spatial s’est écrasé près de la ferme de Shaun avec une jeune créature extraterrestre à son bord. Occasion évidemment saisie au bond par le troupeau pour sortir de sa routine bêlante et vivre de nouvelles aventures où le grand n’importe quoi échevelé le dispute à l’amitié interespèces, une sombre organisation gouvernementale lancée à sa poursuite semblant bien décidée à capturer la petite alien.

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Hors de contrôle

Aux commandes de cet improbable space opera rural, le tandem de réalisateurs formé par Will Becher et Richard Phelan confesse avoir voulu orchestrer la rencontre entre l’esprit typiquement british de la maison Aardman et l’ambition d’un film de science-fiction spectaculaire à la Steven Spielberg. C’est peu dire que l’influence de ce dernier saute aux yeux à la vision de La Ferme contre-attaque. Tout comme celle de la franchise James Bond sur l’esthétique du repaire secret de la super-vilaine de l’histoire. À leur suite, le film multiplie à l’envi les clins d’oeil plus ou moins attendus: 2001, l’Odyssée de l’espace, Gravity, Armageddon, The X-Files ou le Signs de M. Night Shyamalan… Avec, il est vrai, un sens consommé du timing, ce trop-plein de références à la culture populaire apparaît hélas un peu vain. Il est heureusement rehaussé d’un humour flegmatique 100% Aardman qui, pour le coup, fait toujours vraiment mouche.

Drôle, inventif, porté par une animation en stop motion toujours plus exigeante, ce nouveau film sans paroles mais pas sans idées, qui moque la culture geek fantasmant les ovnis autant qu’il la célèbre, peut ainsi quand il le veut encore atteindre de jolis sommets. Comme lorsqu’il questionne le concept même de liberté à travers une excellente séquence d’ouverture qui épingle la série sans fin d’activités interdites aux moutons par le chien du fermier. Ou bien qu’il se fend d’une imparable scène d’action rythmée par le Out of Control des Chemical Brothers.

On a pourtant connu les studios britanniques plus inspirés, et l’annonce de la sortie d’un Chicken Run 2 l’an prochain pourrait faire craindre une évolution à la Pixar. Soit un déficit progressif d’originalité maquillé en logique quasi systématique de franchise. Wait and see, comme on dit là-bas.

De Will Becher et Richard Phelan. 1h30. Sortie: 16/10. ***(*)

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