[Critique ciné] Coexister, Fabrice Eboué fâché avec la comédie franchouillarde

COMEDIE | Une comédie cumulant la satire d’un showbiz opportuniste, celle d’une certaine hypocrisie religieuse et enfin celle du politiquement correct façon béni-oui-oui.

Imaginez un curé, un imam et un rabbin faire cause commune dans la chanson populaire. Enfin, un vrai curé bien clean et dévot (quoique peut-être sensible à la tentation) mais aussi un faux imam alcoolique et un ex-rabbin éloigné de sa charge par une circoncision ratée façon Massacre à la tronçonneuse! Leur réunion est l’idée d’un producteur musical aux abois, se souvenant du succès du groupe Les Prêtres et ambitionnant de réaliser un « coup ». Fabrice Eboué joue ce producteur dans un film dont il est aussi le scénariste et le réalisateur. Une comédie cumulant la satire d’un showbiz opportuniste, celle d’une certaine hypocrisie religieuse et enfin celle du politiquement correct façon béni-oui-oui. L’humoriste, déjà auteur des relativement amusants Case départ (2011) et Le Crocodile du Botswanga (2014), excelle dans la farce trash et blasphématoire se déchaînant par accès peu résistibles dans son nouveau film. Grâce aussi à l’interprétation complice et par endroits borderline de Ramzy Bedia (le faux imam) et Jonathan Cohen (l’ex-rabbin). Il n’est pas aussi bon, malheureusement, quand son propos se veut plus subtil, positif et fédérateur. Difficile il est vrai de prêcher le vivre ensemble de manière hilarante en ces temps de communautarisme exacerbé! Le caractère éminemment décousu du scénario distend plus encore un spectacle alternant le meilleur et le pire. Reste qu’on peut apprécier les traits les plus offensifs d’un Eboué définitivement fâché avec la comédie franchouillarde, et cultivant l’irrespect avec une énergie souvent roborative.