Jean-François Pluijgers

Cannes, le film du jour (7): Paterson de Jim Jarmusch, probable Palme d’or?

Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Jim Jarmusch retrouve la compétition cannoise trois ans après Only Lovers Left Alive pour un film qui se veut « l’antidote à la noirceur et à la douleur des films dramatiques et du cinéma d’action ».

Derrière Paterson se cache une petite ville du New Jersey, ayant donné son titre à un recueil du poète William Carlos Williams. Paterson, c’est aussi le patronyme du protagoniste central du nouveau film de Jim Jarmusch, qui retrouver la compétition cannoise trois ans après Only Lovers Left Alive. Paterson (Adam Driver) vit à Paterson avec sa copine Laura (Golshifteh Farahani), et leur bouledogue anglais Marvin. Chaque jour, il consigne dans son carnet secret des poèmes dont il puise l’inspiration dans un quotidien réglé comme du papier à musique. Et qui commence, invariablement, par le baiser amoureux qu’il porte sur le coup de 6h10 à sa compagne encore assoupie, chacun s’affairant ensuite à ses activités: pendant qu’il ira prendre son service au dépôt, sillonnant les rues de la ville à bord du bus 23, elle redécorera la maison de noir et blanc jusqu’à l’obsession, non sans préparer force cupcakes, noir et blanc eux aussi, à moins qu’elle ne s’essaye à la guitare, Harlequin bien sûr. Et le couple de se retrouver ensuite devant l’une de ses créations culinaires fantaisistes, avant qu’il ne s’en aille promener le chien, ponctuant la sortie d’une bière dans son rade habituel.

« Le film se veut un antidote à la noirceur et à la lourdeur des films dramatiques et du cinéma d’action », écrit Jarmusch dans sa note d’intention. Modeste en apparence, Paterson exalte tout en discret décalage un quotidien dont il explore les infimes variations sept jours durant – comme autant de strophes d’un film-poème où l’on se laisse flotter avec bonheur, porté par les mots de Ron Padgett, la nonchalance bienveillante d’Adam Driver, et l’harmonie tranquille de ce couple singulier. Soit un film comme seul l’auteur de Night on Earth peut les rêver, un haïku lumineux qui pourrait bien lui valoir la Palme d’or (la Palme Dog, pour sa part, semble promise à l’impeccable Marvin).

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La piste aux étoiles

Toni Edrdmann, de Maren Ade, a toujours les faveurs de la presse tant internationale (3.7 de moyenne dans Screen) qu’hexagonale (six palmes désormais dans le film français). Un peu en retrait, le Paterson de Jim Jarmusch se pose en candidat sérieux à l’or cannois avec une note moyenne de 3.5…

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