L’oeuvre de la semaine : Transformer ménager

Till Rabus, Transformer. © Michael Bay et Aeroplastics Bruxelles.
Guy Gilsoul Journaliste

Un hélicoptère inconnu approche d’une base américaine et sous escorte officielle, se pose sur la piste pour aussitôt se transformer en un robot géant.

L’incroyable machine, venue apprendra-t-on d’une autre planète, est munie de tout l’arsenal informatique et guerrier le plus convaincant : canon laser, lance-grenades à fusion, lance-missiles…. Vous connaissez. Adapté d’une série de films d’animations sortis entre 1984 et 1987, le premier long métrage tourné en 2007 par Michael Bay, est bientôt suivi par d’autres, le dernier en date, « Last Knight », tout frais encore. Les Transformers font désormais partie du paysage. Pourtant en ces années 80, à l’autre bout de la planète terre, dans la ville de Neufchâtel, à l’ombre d’un château de conte de fée, vivait une famille de peintres et d’artistes suisses dont la patience et le savoir-faire rivalisaient avec celui des horlogers. Les deux gamins de cette famille ont semble-t-il toujours peint et excellent aujourd’hui dans l’illusion hyperréaliste. Léopold, le cadet, privilégie les scènes champêtres, toujours aigres douces qui mettent en scène le monde paysan, la neige, la forêt en des compositions sombres et parfois violentes. Till né en 1975 deux ans avant son frère, manie aussi bien l’aquarelle que l’huile pour inventer des mondes improbables. Sa manière évoque la technique de l’association libre à partir d’objets du quotidien. Un fruit, légume, une canette de coca, un duvet deviennent alors les points de départ d’un délire au coeur duquel se niche toujours l’accent grave d’une vanité. Ainsi l’image du « Transformer » dont les jambes, le ventre, le thorax, les bras et le visage sont des aspirateurs, des fers à repasser, des fourches, des saladiers, des tracteurs ou encore des matelas. On pourrait entendre la voix de Boris Vian offrant en 1956 à sa belle (« Ah Gudule »), un frigidaire, un joli scooter, un atomixer, un chauffe-savate, un ratatine ordure, un repasse limace… Les Transformers se préparaient alors à envahir la planète mais personne ne s’en inquiétait sauf quelques poètes. Les toiles de Till Rabus font sourire. Vanité ! Notons que cette composition participe à un ensemble muséal imaginé par la galerie Aeroplastics avec la complicité d’une série de galeries internationales invitées.

Bruxelles, Aeroplastics. 186 rue de Washington. Jusqu’au 14 octobre. Vendredi et samedi de 10h30 à 18h30. www.aeroplastics.net

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