La renaissance de Denis Meyers

Denis Meyers présente sa nouvelle exposition Rebirth à la Macadam Gallery © Fabrice Debatty
Antoinette Reyners Stagiaire

L’artiste urbain Denis Meyers est de retour à Bruxelles avec Rebirth, jusqu’au 21 juin à la Macadam Gallery. Après la destruction de son oeuvre monumentale de 25.000 m², cette exposition se veut le témoignage de la renaissance de l’artiste belge.

« Le nom de l’exposition Rebirth a été choisi pour montrer une scission, une autre direction de recherche dans le travail de Denis« , explique le directeur artistique Damien Gard, en se référant à la précédente exposition de l’artiste. Durant 16 mois, le graffeur avait investi l’ancien bâtiment Solvay à coups de bombes de peinture sur les murs, plafonds, radiateurs, portes et fenêtres. En tout, il aura fallu plus de 1.500 bombes, 500 litres de noir et quelques 150 carnets pour draper de milliers de phrases et de dessins les 25.000 m² du bâtiment. Un cri du coeur qui s’est tu en juillet dernier suite à la destruction du bâtiment. « Remember Souvenir était une performance sur bâtiment. Ici, on est plus sur une recherche plastique, sur une intention picturale avec de la peinture sur toile et non pas sur de la récupération d’objet« , précise le directeur artistique en montrant divers tableaux et colonnes. « C’est un vrai travail de perspective, d’apparition de disparition, de couche, de matière, de volume« , intervient l’artiste Denis Meyers qui souhaite à travers ces oeuvres partager un nouveau regard sur la peinture. Toujours en quête de nouvelles expériences artistiques, c’est avec rigueur et respect qu’il redécouvre des techniques et des gestes anciens et prend le soin de les réinventer à travers les quelque 40 oeuvres exposés.

Un écho dans l’âme

Cette exposition est aussi liée à son parcours de vie, à des émotions qu’il vit depuis un certain temps. « Je me suis rendu compte qu’à travers mon art, je pouvais transmettre des émotions voire des valeurs aux gens« , se livre l’artiste originaire de Tournai.

Le regard de Damien Gard se pose alors sur une toile à l’apparence déstructurée et contrastée de noir et blanc, la signature même du graffeur: « Sur ce tableau, vous pouvez observer une autre façon d’écrire beaucoup plus vibrante. De cette accumulation de traits surgit un mot: Aimer. On dirait que le tableau en frissonne. »

La renaissance de Denis Meyers
© Fabrice Debatty

Le noir et le blanc représentent la tension entre le yin et le yang. « En fait, ce mot reprend en lui-même le fond et la forme », constate le bon ami de Denis Meyers. Le street artist articule son travail de recherche autour du noir et du blanc « à l’exception de quelques pointes de rouge pour justement souligner le noir et le blanc« , complète le D.A. normand-suisse.

Un art typographique unique

« Ce qui rend le travail de Denis unique, c’est son identité« , relève Damien Gard. Son style est un mélange de ses deux formations en design graphique et en typographie à La Cambre. Ces techniques comme la juxtaposition de lettres et l’accumulation de verbes font écho à l’expérience de la vie. L’écriture se transforme alors en discours. Ces mots et ces traits mystérieux, célestes, délicats, enchanteurs, obscurs, couchés sur le papier prennent sens et invitent à la méditation.

La renaissance de Denis Meyers
© Fabrice Debatty

« Aujourd’hui, ce que l’on demande à un artiste, c’est d’avoir une identité. Selon moi, pour Denis, le défi est gagné« , sourit-il. Artiste lui-même, Damien Gard considère qu’au-delà de son identité, son ami a aussi une maturité artistique. « Cela fait 15 années qu’il travaille de manière frénétique. C’est un réel besoin pour lui« , constate-t-il.

Loin de prendre son travail comme acquis, Denis Meyers considère que son art est justement en pleine évolution. « Je travaille beaucoup, j’essaie beaucoup, je n’ai pas énormément confiance en ce que je fais« , partage ce père de famille au coeur tendre. Ayant suivi les préceptes de son grand-père lui aussi artiste, à savoir dessiner tous les jours, cet inclassable polyvalent esquisse, dessine, griffonne et croque son quotidien.

Animé par sa passion, l’artiste belge quitte bientôt la Belgique pour l’Argentine, le Brésil et bien d’autres destinations pour partager son goût des lettres et des mots. Un voyage qui promet un bel avenir à un artiste déjà majuscule.

L’exposition Rebirth de Denis Meyers se tient à la Macadam Gallery jusqu’au 21 juin 2017. www.macadamgallery.com

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