La photographe Hilla Becher s’en est allée

Hilla Becher à côté de son oeuvre 'Kuehltuerme' (Tours de refroidissement) au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. EPA/DAVID EBENER © EPA

Hilla Becher, photographe et épouse de Bernd Becher, est décédée ce samedi 10 octobre à 81 ans. Retour sur la révolution photographique initiée par le couple.

Hilla Becher, photographe et épouse de Bernd Becher, est décédée ce samedi 10 octobre à 81 ans. Retour sur la révolution photographique initiée par le couple.

Veuve de Bernd Becher depuis 2007, Hilla s’en est allée rejoindre son époux ce samedi 10 octobre, à l’âge de 81 ans. Le couple de photographes est à l’origine de l’école de Düsseldorf, ce courant de la fin des années soixante qui défend une photographie objective.

Née en Allemagne de l’Est, c’est à 17 ans que Hilla Wobeser débute sa carrière de photographe en tant qu’apprentie. En 1957, après avoir franchi la frontière de l’Ouest, elle est engagée dans une agence de publicité où elle rencontre Bernd Becher. Alors que celui-ci craint de voir s’écrouler les paysages industriels dans lesquels il a grandi, elle se passionne pour la photographie de bâtiments. Un couple mythique de la photographie est né.

Un style documentaire

Tandis que dans un contexte d’après-guerre, les photographes allemands se concentrent sur l’homme pour estomper les drames de 40-45, le couple Becher arrive à contre-courant avec des photographies d’usines, de hauts fourneaux, de citernes, de silos. Pour Hilla et Bernd Becher, l’art photographique est avant tout objectif. Il relève de l’inventaire, doit répondre à des règles strictes et non susciter l’empathie. Face à un ciel immaculé, les photos en noir et blanc sont prises tôt le matin lorsque la luminosité est basse. Les cadrages sont serrés et les personnages proscrits suite au temps de pose trop long. Les sujets se dressent comme de grandes formes géométriques vues de face. Une fois tirées, les photos, accompagnées d’informations écrites sur les sites industriels, sont assemblées afin d’en réaliser une typologie précise.

« Nous avons commencé avec l’idée que les photographies resteront comme des documents quand ces objets auront disparu, racontait Hilla Becher au journal Le Monde en 2004. Il y a aussi notre préoccupation pour la forme. Mais le plus important est notre aventure au sein d’un territoire inconnu, que nous avons appris à reconnaître: la société industrielle. »

Après de nombreuses expositions internationales, diverses récompenses et près de 16.000 négatifs, les Becher occupent désormais une place importante dans l’histoire de la photographie.

L’héritage Becher

Enseignants à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, les Becher y ont laissé une trace. Leurs disciples sont en effet nombreux mais se sont quelque peu éloignés du regard organisateur que portait le couple sur la photographie. Le plus connu d’entre eux est Andreas Gursky dont les images grands formats à la technique parfaite sont une spécialité. À l’instar de ses maîtres, ses photographies visent à montrer une réalité que l’oeil ne peut capter sans une intervention de la technique. Parmi les élèves les plus reconnus, on retient également Candida Höfer, Thomas Ruff, Elger Esser ou encore Thomas Struth.

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