L’oeuvre de la semaine: Une douceur assassine

La douceur assassine de Georges Bru © Georges Bru
Guy Gilsoul Journaliste

À 83 ans, le Français Georges Bru poursuit inlassablement l’homme en ses tréfonds ouatés. Ce sont de lentes apparitions de corps boursouflés ou sanglés dont le mouvement s’est immobilisé dans un déséquilibre inquiétant. De profil, le personnage fixe le vide.

Sous lui, autour de lui, devant lui, il n’y a que vapeurs. Ni haut, ni bas, aucun horizon, aucun mur, sol ou plafond. Mais une présence longiligne indicible. Une sorte de bâton. Ou de tige dont l’écho se prolonge en clartés organiques. Le silence règne. On n’en saura pas davantage. L’oeuvre résiste. Et irrésistiblement, nous retient.

Alors, on se rapproche de l’artiste au travail qui, du bout du crayon, avec une patience de bénédictin, inscrit des gris sans mordre la lumière, note avec la précision du scalpel le contour d’un oeil, celui des lèvres ou des boutons qui enferment le corps de son anonyme personnage. L’air, tout autour de la figure, s’emplit de poudres de graphite.

Parfois, un peu d’eau cherche à teinter l’espace fantomatique. Georges Bru s’immerge dans l’oeuvre, s’y perd avec délice. Il y a en effet, comme l’a noté un critique, quelque-chose de capiteux dans ce travail. Une douceur, presque une volupté. Ou plutôt, une douceur assassine que certains critiques ont balayé en convoquant l’étrange, voire le merveilleux. Originaire du Lot et Garonne, l’homme vit depuis trente ans à Toulon.

Bruxelles, Galerie d’YS. 84 rue de l’Arbre béni (1050). Jusqu’au 2 octobre. Du jeudi au samedi de 14 à 18h et le dimanche de 13 à 16h. www.galeriedys.com

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content