L’oeuvre de la semaine: le crochet porte-bonheur

Stéphane Goldrajch, Porte-bonheur © Baronian Xippas
Guy Gilsoul Journaliste

Et si, à la place du pinceau, du couteau et de la brosse, on peignait au crochet ? Si, en usant des fils de laine de couleurs pétillantes et joyeuses, on s’absorbait du monde et rejoignait Alice au pays de toutes les merveilles ?

Dans cette région de l’imaginaire où notre regard se perdrait, rien ne serait droit ni vraisemblable. Comme dans cette oeuvre de Stéphane Goldrajch où, à partir du motif central, la théière d’Alice et ses grands yeux de clown, graviteraient des étoiles de mer, des serpents joyeux, un chien rose aux pattes d’insecte, des fleurs et de bonbons sucrés prisonnier de leur emballage.

Ainsi le jeune trentenaire bruxellois produit-il ce qu’il appelle ses « Porte-bonheur ». La technique est à la portée de tous et comme pour la confection des paperolles des moniales depuis le XVIIe siècle, elle ne réclame que la lenteur et dans cet état particulier qui, par la répétition du geste, vous met hors du temps dans une ritualisation apaisante.

Car ici, il ne s’agit ni de tisser en haute ou en basse lisse ce qui réclame un support d’une belle complexité, ni, comme le fait Caroline Achaintre, d’user d’un pistolet à laine utilisé dans l’industrie des tapis tuftés mais d’en revenir à une sorte de jeu de patience qui, en lieu et place des « paradis miniatures » proposés dans les reliquaires anciens, visent à rejoindre, sans plan prémédité, l’univers des contes et légendes qui nous rassemble tous par-delà nos différences.

D’où, chez cet artiste israélien, par-delà la création en solitaire de ces tableaux fait d’assemblages de motifs crochetés et de tissus découpés, la volonté de profiter de cette technique populaire pour dialoguer avec les gens de rien ou de tout, jeunes enfants, ados, adultes et vieillards. Voire, les impliquer puisqu’il leur propose de créer, en petits ou grands groupes des masques ou encore des bannières selon un mode qu’un peu pompeusement, le monde très sérieux de la culture appellerait des performances textiles participatives.

Comme lorsqu’il réunit ainsi les jeunes du skate Park de l’église de la Chapelle à Bruxelles et un home voisin, comme lorsqu’il élabore avec la population de Molenbeek et du quartier Dansaert, des drapeaux au crochet qui seront ensuite disposés de part et d’autre du canal.

Bruxelles, Galerie Baronian Xippas. 33 rue de la Concorde. Jusqu’au 3 avril. Du mardi au samedi de 11h à 18h. www.baronianxippas.com

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